Nouvelle majorité dit nouvelle politique à Saint-Paul. La municipalité va mettre en place une stratégie défensive plus "concrète" dans la gestion du risque requins.
Après l’étape prévention, dans la gestion de la crise requins, la mairie de Saint-Paul passe à l’action. Mercredi 17 avril, la commune de Saint-Paul transmettait un communiqué concernant le risque requins. La municipalité a appelé la population à la plus grande vigilance et au respect des interdictions de baignade et de pratique des activités nautiques. La préfecture avait également alerté la population la semaine dernière.
Les différents acteurs du risque requins confirment tous une présence accrue des squales le long des côtes réunionnaises. En particulier dans l’Ouest où les relevés de balises, effectués par CHARC ou encore la ligue de surf, ont révélé une fréquentation importante de la zone par les requins, avec l’arrivée de l’hiver austral. Si la saisonnalité des attaques n’a pas encore été établie, une saisonnalité de la présence des squales est constatée.
La nouvelle municipalité menée par Joseph Sinimalé compte bien prendre la question du risque requins à bras le corps. "On a une inertie totale depuis quelques années concernant la sécurisation concrète des activités nautiques, des spots de surf", dénonce Patrick Flores.
Le principe de précaution n’est pas respecté par les surfeurs. Les sportifs continuent à se mettre à l’eau. "Ils le font, le l’ai vu, on les voit tous. Ils le font sans autorisation", déplore l’adjoint saint-paulois. Et d’ajouter : "On se doit de leur annoncer qu’on a un gros problème de présence de requins en ce moment. On est en train de travailler dessus". Patrick Florès a rappelé l’arrêté en vigueur qui interdit les activités nautiques. "Je conseille à ces jeunes de ne pas aller à l’eau en ce moment", indique l’entraîneur de Surf.
Des actions "concrètes"
Depuis trois semaines, et les dernières élections municipales, la municipalité de Saint-Paul travaille sur le dossier. "On avait déjà préparé notre programme. Il nous faudra beaucoup de temps parce qu’il n’y a pas eu d’avancées concrètes sur la sécurisation", précise l’adjoint de quartier à Saint-Gilles. Patrick Florès concède la tenue de tests, notamment à travers le programme Cap Requins. L’adjoint souhaite à présent "faire avancer les choses un peu plus rapidement". Il ajoute : "Nous allons protéger les activités nautiques".
Très attendue par les associations des usagers de la mer, la mairie de Saint-Paul compte dans un premier temps "humaniser" la réserve marine sans pour autant "la casser". Un projet de sécurisation de la colonne d’eau a été avancé. Objectif : réintégrer, grâce à un décret, la chasse sous-marine dans certaines zones de la réserve. "Nous allons lancer un petit appel aux associations de pêcheurs sous-marins", indique Patrick Flores. La chasse sous-marine aurait pour but l’effarouchement des squales, une fréquentation humaine de la zone qui dissuaderait les requins de s’y aventure.
Des filets électro-magnétiques sont également sur les rails. "Ils ont été commandés, on va les tester sur les Roches Noires", affirme l’élu. Les autres dispositifs seront également maintenus. C’est le cas des drumlines de Prévention Requins Réunion qui capturent les squales et les palangres West "qui se révèlent être assez intéressantes", selon Patrick Flores.
Il ajoute : "Nous allons aussi peut-être permettre à d’autres associations d’intégrer nos projets, car il nous faut absolument répondre, et assez rapidement, à la demande des Saint-Gillois, des Saint-Paulois et des Réunionnais".
L’opposition sceptique
Du côté de l’opposition, la tâche est jugée difficile. "C’est l’état qui décide qui fait quoi dans cette réserve", prévient Guylain Moutama. Toucher à la réserve marine pourrait créer des "conflits d’usage dans cette zone", selon le conseiller de l’opposition. Il remet également en question les moyens nécessaires pour redéployer la chasse sous-marine qui pourrait ne pas plaire aux pêcheurs traditionnels et aux plongeurs en bouteille.