Chaque année à la Réunion, 300 victimes de viol sont prises en charge par les urgences psychiatriques. Le chemin de la reconstruction s’avère toujours difficile.
Cette semaine, trois affaires de viol vont être examinées par la Cour d’assises. Le viol est puni de 20 ans de réclusion criminelle par le Code Pénal. L’occasion de se pencher sur la nécessité pour les victimes de viol de se reconstruire. Une reconstruction longue et difficile qui se déroule en plusieurs étapes. A la Réunion, les cas d’incestes sont particulièrement importants.
Le docteur Christine Visnelda-Douzain, psychiatre responsable de l’unité de consultation de psycho-trauma à l’Etablissement Public de Santé Mentale de la Réunion à Saint-Paul, est souvent la première main tendue aux victimes. La spécialiste et les membres de son unité prennent en charge près de 300 personnes victimes de viols par an.
"Pour la plupart des victimes, il y a d’abord un grand silence que nous appelons la phase de déni. C’est une tentative de se protéger psychiquement et de survivre en faisant comme si cela ne s’était pas passé ", explique l’experte. Une fois que la parole se libère, c’est un autre sentiment qui va dominer chez les victimes. Paradoxalement, c’est la culpabilité qui va s’emparer des personnes ayant subi un viol. "La culpabilité est un sentiment étrange mais nécessaire qui donne l’impression à la victime d’avoir quelque chose à y voir ", analyse Christine Visnelda-Douzain.
Pour que les victimes s’en sortent, l’appui de l’entourage, amis et famille, est primordial. A la Réunion, les cas avérés d’incestes sont plus nombreux et cette situation particulière rend le travail de reconstruction encore plus laborieux. "Il y a des différences entre les victimes de viol et les victimes d’incestes. Les victimes de viol sont adultes la plupart du temps et souvent cela vient de l’extérieur, elle a donc le soutien de sa famille. Dans le cas des victimes d’incestes, c’est plus complexe car il n’y a pas d’écoute, il y a souvent un déni de la mère, de la famille et là on tombe dans les situations les plus difficiles", explique la psychiatre.
Des mois ou des années, le temps de la reconstruction varie selon les personnalités des victimes et de leurs situations. Le suivi psychologique permet de limiter les risques de dépression ou encore de troubles de l’identité.