Leur dignité, c’est ce que les jeunes du Chaudron veulent défendre et préserver. Après les violences de la semaine dernière, dans un climat apaisé, ils ont confié à Antenne Réunion leur mal-être. Âgés d’une vingtaine d’années, les jeunes gens qui ont accepté de livrer leur vision des émeutes ne veulent pourtant pas perdre espoir, d’avoir un jour un statut et un emploi.
La semaine dernière, des émeutes ont été enregistrées aux quatre coins de l’île. Dans les rangs des casseurs, la plupart du temps, des jeunes voire des très jeunes. Interrogés pour Antenne Réunion, ils ont accepté de se confier et ont décrit leur amertume et le sentiment qu’ils ont d’être toujours laissés de côté.
Ces jeunes adultes portent un regard critique sur la société qui les entoure. Ils veulent montrer l’envers du décor, et aller au-delà de l’image de carte postale qui est présentée aux touristes. A visages cachés, ils témoignent du malaise qui règne dans leur quartier et des difficultés qu’ils rencontrent au quotidien. Ils évoquent aussi le manque de repères qui amène certains à dépasser les limites parfois.
Interrogés sur les émeutes auxquelles ils ont assisté et même pris part, de jeunes habitants du Chaudron regrettent de ne pas avoir de leader, un personnage du monde politique, associatif, une personnalité qui pourrait comprendre leurs attentes et proposer des mesures concrètes en leur faveur.
Cocktails Molotov, pillages de commerces, dégradations du mobilier urbain : les jeunes impliqués dans ces événements livrent leurs explications. En ayant recours à la violence, ils expliquent qu’ils ont le sentiment de se faire entendre, enfin. Ils posent aussi cette question : sans émeutes, l’Etat, les collectivités, les acteurs économiques auraient-ils fait un pas envers la population et mis en place de nouveaux dispositifs contre la vie chère ?
Confrontés au chômage, à l’exclusion, de nombreux jeunes issus des quartiers ont exprimé leur colère la semaine dernière. Ils savent que leurs actes sont répréhensibles mais se sentent dans l’impasse. A côté de la colère et de la rancoeur, il y a pourtant de l’espoir. Ces jeunes qui ont participé aux émeutes continuent de croire à un changement. Comme tout un chacun, eux aussi espèrent pouvoir s’insérer sur le marché du travail et s’épanouir pleinement.