N’avez-vous jamais entendu un membre de votre famille dire qu’il y avait plus d’accidents au mois de novembre ? Mais est-ce vraiment le cas ?
Voici le Kozé de Rémy Bourgogne :
Le mois de novembre fait l’objet de nombreuses croyances. Petit, j’entendais mon entourage dire que c’était un mois « dangereux, celui des mové zame ! Ces mauvaises âmes, n’ayant pas trouvé le repos éternel, guetteraient les vivants que nous sommes afin de nous faire toutes sortes de malices. Récemment encore mon père me disait « fé atansyon, mois d’novanm larivé ! ». Sous entendant par là que cette période de l’année serait particulièrement dangereuse !
Les données chiffrées de l’Observatoire Départemental de Sécurité Routière sont riches d’enseignements. En 2020, on dénombrait au mois de novembre 78 blessés sur les routes réunionnaises contre 77 pour le mois de novembre 2019. En outre, en 2020, le mois de juillet est le plus accidentogène avec 107 blessés, en 2019 c’est le mois de mars avec 117 blessés.
Nous voyons bien que sur ces deux années, contrairement aux idées reçues, le mois de novembre n’est pas le plus accidentogène pour les automobilistes. Sur les deux années citées, la tendance, pour ce mois, est pratiquement la même.
La société réunionnaise est une société de tradition orale, de ce fait elle est traversée par des croyances, des mythes et des légendes.
Une légende est « un récit qui utilise des éléments factuels (lieu, personnage, objet, évènement historique) et son objectif est de garder la trace d’un évènement, d’en transmettre l’histoire et donc d’instruire1 ». Quant au mythe, il est une « construction imaginaire constitué d’éléments merveilleux. Là où la légende incite à apprendre, le mythe incite à croire. Il est là pour expliciter la création du monde, les phénomènes naturels, l’essence de l’être humain. […] Dans le mythe, la véracité des faits et des choses n’a pas cours, mais la superstition et le divin sont omniprésents ».
À la Réunion, les superstitions et le divin sont tout particulièrement présents au mois de novembre. La tradition veut que nous rendions hommage aux ancêtres pendant ce mois : passage au cimetière pour les uns, servis kabaré pour les autres ! Il ne faut donc pas trop batkaré sur les routes, car c’est le moment où les âmes vavangue…tansyon pangar !
Signé Rémy BOURGOGNE
« Rémy Bourgogne est né et habite au Tapage, un petit village des hauts de la Rivière Saint-Louis. Passionné de sociologie, d’anthropologie, d’économie et de sciences politiques, c’est tout naturellement qu’il s’est dirigé vers le métier de lamontrèr « enseignant » en Sciences Économiques et Sociales. Par ailleurs, Rémy est aussi un militant associatif et politique. Enfin, féru de musique, il est musicien amateur et écrit des chansons en créole ».