Dans un courrier adressé au ministre délégué chargé de la Santé et de la Prévention, le député réunionnais Frédéric Maillot alerte sur le risque de pénurie de lait maternel et du déménagement du Lactarium de Marmande qui fournit le service de néonatologie du CHU de La Réunion.
Le contenu du courrier :
Je souhaite attirer votre attention sur la pénurie à venir de lait maternel qui va toucher les unités de néonatalogie de La Réunion. Suite à l’appel à la « mobilisation nationale » qui a été lancé par l’Association des lactariums de France relayé par les autorités sanitaires, le risque de pénurie relatif au manque de lait lyophilisé est une situation qui doit tous nous alarmer et nous inciter à la mobilisation de solutions urgentes et durables.
À La Réunion, il y a deux fois plus de bébés qui naissent de manière prématurée que dans l’hexagone, naissances prématurées liées à des facteurs comme le diabète, l’hypertension et la précarité. En 2020, l’Agence régionale de santé a comptabilisé 1203 naissances prématurées, soit un taux de 9,08% du nombre total de natalité. Cette situation propre à notre territoire nécessite des moyens conséquents pour répondre au besoin d’allaitement de ces nouveaux nés, très fragiles. Leur besoin en lait s’estime entre 18 à 20 litres durant leur hospitalisation.
Pour éviter les ruptures de stock, le ministère de la santé appelle à augmenter les dons, sauf qu’à La Réunion cette solution n’est pas envisageable car inexistante.
Si les hôpitaux de Fort-de-France et Cayenne disposent d’ores et déjà de leur lactarium, le déménagement du lactarium de Marmande à Bordeaux qui alimente La Réunion, impose la réflexion pour les besoins du bassin Océan Indien.
Importer du lait congelé, ou en poudre n’est pas une situation idoine au regard du déficit national de 25 000 litres constaté en ce début de semestre 2024. De plus, cette situation de pénurie fait peser un risque sur l’augmentation du taux de mortalité infantile et durée d’hospitalisation avec un coût conséquent pour le CHU de La Réunion, déjà en grande difficulté.
Je sollicite votre bienveillance afin que nous puissions engager la discussion la plus transparente sur un potentiel lactarium à La Réunion notamment à travers un projet alternatif de banque de lait maternel répondant à nos caractéristiques culturelles et pratiques de l’allaitement, plus riche nutritivement comme l’indique la littérature scientifique et moins coûteux, car actuellement le prix du lait lyophilisé pour 100 grammes est entre 130 à 170 euros, sans frais de transport et hors revalorisation probable du prix.
Il est inconcevable qu’à La Réunion et plus largement dans le bassin Océan Indien nous n’ayons pas un lactarium de proximité à ce jour, alors que nous avons une démographie en progression et un taux de natalité largement plus élevé qu’aux Antilles.