Les meurtres du tueur en série français Charles Sobhraj, commis dans les années 70, font l’objet d’une série sur la plateforme streaming Netflix. Une ancienne voisine, Nadine Gires, qui a vécu à La Réunion et qui a eu l’occasion de fréquenter le meurtrier avant son arrestation, témoigne dans une interview accordée à LINFO.re.
Actuellement diffusée sur Netflix depuis avril, la série "Le Serpent" est inspirée de l’histoire vraie de Charles Sobhraj, un tueur en série français. Il est accusé d’avoir tué de nombreux touristes en Asie dans les années 1970.
Interprété par l’acteur Tahar Rahim, le meurtrier est connu pour avoir drogué, dépouillé puis assassiné au moins une douzaine de jeunes touristes de la communauté hippie.
Près de 50 ans plus tard, Nadine Gires, une voisine ayant vécu de nombreuses années à La Réunion, raconte dans une interview accordée à LINFO.re son rapport avec l’assassin.
"Ça a commencé il y a plus de cinq ans. À l’origine, le projet date de sept ans. Ça a été très long à faire. Il y a eu beaucoup de recherches. Il a fallu contacter beaucoup de monde. Ils m’ont fait venir ainsi que Dominique Renelleau et Herman Knippenberg à Londres. Il y a eu une semaine d’interview pour se rendre compte de l’atmosphère de l’époque, des gens, de comment ça s’est passé. Ils m’ont demandé si je voulais bien commenter les scripts de chaque épisode pour rectifier des choses. Il y avait des anachronismes, comme quoi on passait des faxes alors que ça n’existait pas encore. J’étais tenu au courant jour après jour. J’ai regardé les épisodes avant même leur sortie en Angleterre. C’était une longue aventure".
"C’est très bien. Il y a toujours des choses qui ne sont pas exactes. Ce n’est pas un documentaire mais une fiction basée sur une vraie histoire. C’est vrai à 90%".
"On n’a jamais laissé tomber cette histoire car on est remis dans l’actualité à chaque fois qu’on parle de ce type-là. Il lui est arrivé quand même des choses. Il a eu quelques années où il était tranquille puis il est allé au Népal. Au fur et à mesure de ce qu’il se passait au Népal, il y a eu les procès. Herman a été sollicité et a dû sortir ses archives. On est tenu au courant avec l’avocat des victimes au Népal. C’est toujours là depuis 45 ans. On y pense très souvent".
"Ils ont mis mon appartement en face du sien alors qu’on habitait en-dessous au troisième et lui au cinquième".
"On ne l’a pas su, on l’a appris par un garçon qui n’est pas dans l’histoire. La production n’a pas réussi à le retrouver. De toute façon, il se cache. Selon moi, il savait beaucoup plus que ce qu’il nous a dit. Il nous a sorti le journal avec la photo du corps carbonisé. Il nous a dit que c’était lui. On s’est retrouvé avec cette histoire sur les bras. Dominique voulait rentrer en France et ce Yannick aussi. Ils ont pris leur passeport, on leur a donné deux billets d’avion et ils sont rentrés. Après, on a plus eu de nouvelles de ce Yannick qui avait été le premier à faire venir Interpol pour nous aider. On voulait que tout ça s’arrête".
"Soit il n’a jamais su ou soit je pense qu’il a su quand il a été mis en prison en Inde. Mais il n’a jamais douté de notre amitié. Quand il a quitté Bangkok, il m’a demandé de s’occuper de son appartement et de ses affaires. Il disait qu’il allait revenir, qu’il attendait que les choses se calment un peu. Par la suite, on a reçu une lettre de Genève disant qu’il allait en France. Je pense qu’il n’a jamais douté de nous".
"On l’a rencontré en octobre et il a été arrêté en avril. C’était juste quelques mois. Je pense qu’on aurait ouvert les yeux si ça avait duré plus d’une année car il se passait quand même beaucoup de choses bizarres. Des gens étaient malades. Je lui ai posé des questions mais il avait toujours des réponses à tout. On pense que ce Yannick était plus ou moins complice. Il a dû prendre peur et il nous a tout raconté pour pouvoir foutre le camp. Il en savait trop".
"On ne sait pas trop mais je pense au moins une vingtaine il est en prison depuis 2004 à Katmandou. Il a été jugé une première fois. Il a failli être libéré en 2014 puisqu’il avait 70 ans. Il y a une loi au Népal qui dit qu’on ne peut pas garder une personne de plus de 70 ans au Népal.
D’autres archives ont été ressorties par Herman pour faire un second procès. Comme il a eu un nouveau jugement, il reste en prison. Mais on a eu très peur. Vous voyez que certaines choses reviennent à nous. Il y a eu un tremblement de terre à Katmandou, on a pensé que la prison allait s’écrouler et qu’il allait foutre le camp. La prison ne s’est pas écroulée".
"Plus maintenant. On a eu très peur quand il a été libéré de sa prison en Inde en 1997. Il a quand même eu le culot de retourner au Népal".
"Je suis allé passer une journée sur le tournage avec mon fils. Tahar Rahim m’a posé pleins de questions car c’est un vrai personnage qui existe toujours. Il voulait savoir s’il riait ou bien s’il fumait".
"Un peu car cette histoire, je l’ai raconté à pas mal de personnes ; j’ai été interviewé pour des journaux, des reportages ou des magazines. Auparavant, il n’y a pas eu cet impact. J’ai 5000 messages sur mon Facebook".
"Je suis très bien où je suis. Je suis revenue à La Réunion deux fois depuis les faits".