Ce 9 octobre, le président Emmanuel Macron, aux côtés de Robert Badinter, a célébré les 40 ans de l’abolition de la peine de mort. Sur notre île, elle avait été prononcée une ultime fois en 1977. L’accusé, après un pourvoi en cassation, avait finalement été condamné à la réclusion criminelle à perpétuité.
Le combat contre l’abolition de Robert Badinter, avocat du barreau de Paris trouve son fondement après l’exécution de Roger Bontems, le 28 novembre 1972. Farouchement opposé à cette sentence capitale, l’ancien garde des Sceaux de François Mitterrand incarne à lui seul le projet de loi d’abolition de la peine de mort, adoptée par l’Assemblée nationale, le 18 septembre 1981. Après avoir été étudiée au Sénat, la loi sera promulguée le 9 octobre 1981.
Aujourd’hui, l’ancien ministre de la Justice se tient aux côtés du président de la République, Emmanuel Macron pour célébrer les 40 ans de cette loi. "Tant que dans le monde, on pendra, on gazera, on décapitera, on lapidera, on fusillera, toutes celles et ceux qui considèrent le droit à la vie comme un absolu moral, doivent poursuivre le combat", a prononcé, dans un discours lors des célébrations, l’ancien sénateur des Hauts-de-Seine. Qualifiant la peine de mort de "honte pour l’humanité", Robert Badinter souhaite que son abolition soit prononcée dans tous les pays. Pour autant, ce n’est pas le cas. En Europe, la peine de mort est toujours autorisée en Biélorussie. "La peine de mort est vouée à disparaître parce qu’elle est une honte pour l’humanité", a lancé l’ancien ministre.
À La Réunion, le dernier condamné à mort est Anatol Just Payet. Le docker de 31 ans, dans le passé, était déjà resté 7 ans derrière les barreaux. En 1953, il est condamné à la peine de mort pour avoir violé et tué une fillette de 6 ans. Il sera exécuté en avril 1954.
Les jurés, en 1977, prononcent la dernière condamnation à mort d’un Réunionnais, Jean William Welmant. Un récit raconté dans les colonnes du Jir dans son édition du 22 janvier 2016.
Acculé par les dettes et vivant au-dessus de ses moyens, Jean William Welmant ne voit que l’assassinat comme solution à ses problèmes. Celui qu’il considère comme son meilleur ami, Pierre Lémart travaille dans l’entreprise des Maisons Tomi. Comptable de la société, il avait l’habitude de partir avec de l’argent liquide pour payer les ouvriers sur le sentier. Seulement, le 9 novembre 1973, Jean William Welmant, qui a l’habitude de l’accompagner, a connaissance de l’existence de cette sacoche remplie de billets. Son sésame pour rembourser ses dettes.
Avec l’aide d’un complice, embauché contre de l’argent, ils acquièrent un pistolet d’alarme qui, après modifications, pourra tirer des munitions de 22 Long Rifle. Des balles retrouvées dans le crâne de la victime. Aucun témoin direct n’a pas assisté à la scène. Dans sa déposition, le complice Saïd M’Némoi précise avoir été récupéré par Jean William Welmant ce jour de novembre, avant d’être déposé au niveau de la Jamaïque. Le conducteur de la 504 ne reviendra qu’une heure plus tard avec un passager, qui n’est autre que Pierre Lémart. La voiture ne s’arrête pas et va se perdre dans les champs de canne. Saïd M’Némoi entendra deux détonations. La 504 finit par revenir, mais avec une seule personne à bord, Jean William Welmant. Avec son complice, ils retournent sur les lieux du crime, embarquent le corps de la victime et s’enfuient vers l’Ouest. Le corps de Pierre Lémart avec deux impacts dans la tempe sera jeté dans la Ravine à Malheur, à La Possession.
S’ouvre alors une enquête judiciaire. Dans un premier temps, les enquêteurs n’ont pas de réelles pistes et interrogeront même Jean William Welmant, le meilleur ami de la victime. Faute de preuves, il ne sera pas suspecté à ce moment de l’enquête. C’était sans compter sur le flair de la police judiciaire de Saint-Denis. À l’époque, après avoir commis l’irréparable, Jean William Welmant s’était rendu chez ses proches à la Plaine-Des-Palmistes où la 504 avait été nettoyée de fond en comble. Les policiers décident alors de fouiller la fosse septique de la belle sœur du suspect et retrouveront un bout de moquette bleue, semblable à celle de la Peugeot 504. De plus des traces de sang sont présentes. Le suspect crie à son innocence et accuse son frère, mis en examen pour recel. Quant au complice, il n’est pas présent au procès qui s’ouvre en avril 1977. Il est décédé pendant l’instruction.
À l’issue de l’audience, Jean William Welmant est condamné à mort et son frère écope de 5 ans d’emprisonnement.
Après avoir obtenu gain de cause en cassation, un autre procès voit le jour. Jean William Welmant sera condamné finalement à la réclusion criminelle à perpétuité. Jean William Welmant n’a pas été exécuté, mais est le dernier condamné à mort, à La Réunion.