Journée nationale des mémoires de la traite, de l’esclavage et de leur abolition : quel rapport avec le 20 décembre ?

Une question de dates

La reconnaissance de la traite négrière et l’esclavage comme un crime contre l’humanité doit son salue à la loi Taubira, proposée à l’adoption le 21 mai 2001. La France était ainsi devenue le premier pays à faire le pas vers cette reconnaissance.

C’est pourtant depuis 2006 qu’a lieu, chaque 10 mai, la journée nationale de la commémoration des mémoires de la traite, de l’esclavage et de l’abolition. Le 10 mai n’est pourtant pas la date historique de l’abolition de l’esclavage en France, mais la date symbolique de l’adoption de la loi Taubira, choisie par le président Jacques Chirac.

Le 27 avril 1848, l’abolition a officiellement pris fin en France. Toutefois, les dates historiques de l’abolition de l’esclavage ne sont pas les mêmes dans les territoires anciennement coloniaux. Ainsi, elle est célébrée le 22 mai en Martinique, le 27 mai en Guadeloupe, le 10 juin en Guyane et le 20 décembre à La Réunion où ces jours sont fériés localement, grâce à la loi du 30 juin 1983.

Une abolition non appliquée, une autre reportée

Si, sur notre île, la date symbolique du 10 mai tombe aux oublis, c’est parce que l’abolition a pris effet avec sept mois de retard sur l’ancienne Île Bourbon. D’après l’historien Prosper Eve, à l’origine de plusieurs ouvrages qui traitent de l’histoire de l’île, dont la période de l’esclavage, l’abolition du 27 avril 1848 n’a été officialisée que le 20 décembre sur l’île, afin d’attendre la fin de la campagne sucrière. Après quoi, les anciens maîtres ont été indemnisés par la France.

Le 4 février 1794, l’esclavage avait été aboli une première fois et avait été révoqué en 1802. L’Île Bourbon et les Mascareignes n’avaient pas bénéficié de ces huit années d’abolition, rejetée par les colons de l’époque.

Laëtitia Bègue