Un constat, vous le partagez peut-être, les commerces situés au pied des barres d’immeubles, se vident par place. Pourquoi ces lieux de proximité ne trouvent-ils plus preneurs ? Plus largement pourquoi certains locaux commerciaux n’arrivent-ils pas à accueillir une activité ? Comment les rendre plus attractifs ou les transformer ?
Sur un tronçon peu attractif du centre ville dionysien, dans le bas de la rue Maréchal Leclerc, une quarantaine de commerces a déjà baissé le rideau.
A l’intérieur d’un bâtiment fantôme, un panneau d’accueil indique encore la présence d’une dizaine d’enseignes. Dans les faits toutes ou presque ont déjà déserté.
"Il y avait un magasin de cuisine, de repas, il n’ya plus. On sait pas pourquoi , tout est fermé"
Ici, seule l’agence France Travail et un commerce spécialisé résiste encore. Un employé a vu ses voisins jeter l’éponge les uns après les autres.
"On voit seulement quand les camions arrivent et s’en vont. Nous on ne va pas chercher qui gagne, qui perd, ils prennent leur chemin, ils s’en vont comme ça"
Alors que faire de tout cet espace ? Comment redonner vie à des bâtiments ?
"On a en métropole l’enjeu de la transformation des immeubles de bureaux qui sont vides en logement. Il peut y avoir cette piste. Deuxième solution, on a sur le territoire beaucoup d’entreprises d’artisans, de TPE-PMI qui cherchent des locaux de productions, des petits locaux d’activités. L’électricien pour stocker son matériel par exemple. On a tous des exemples autour de nous et d’un coup ces immeubles pourraient être transformés en locaux d’activité", explique Vincent Le Baliner, Gérant de Inovista - Conseil en immobilier d’entreprise.
Selon nos informations, le sort de ce bâtiment serait déjà scellé. Lui devrait être détruit pour laisser place à un nouveau projet.
Des commerces en pieds d’immeuble qui ne trouvent pas preneur
Sur les hauteurs du chef-lieu, ce sont les commerces conçus en pieds d’immeuble qui peinent à trouver preneur. Boulangerie et supermarché ont déjà mis la clef sous la porte.
"Rien a tenu parce que je pense à deux facteurs pénalisants : le côté excentré avec pas beaucoup de passage que les gens du quartier et un loyer qui ne permettait pas de supporter cette affluence qui est différente", témoigne une habitante .
Centre commerciaux, position géographique, baisse du pouvoir d’achat… Le bâtiment a beau être récent, aucune entreprise ne parvient à s’installer durablement.
Autre élément d’explication : un déséquilibre entre l’offre et la demande.
En 2023, 100 000 m2 de locaux commerciaux ont été mis sur le marché à La Réunion. Un chiffre en hausse de 19% .
Dans le même temps, la demande a chuté de 56% en 1 an.
"Quand nous sommes en centre-ville nous n’avons quasiment aucune difficulté à trouver des preneurs . La difficulté réside quand nous avons ces locaux qui sont plutôt dans des zones excentrées", déclare le directeur relation client à la Sodiac, Erick Papama.
"Vous avez plein de petites activités comme le marchand de fruits et légumes dont tout le monde rêve au rez-de-chaussée. Il ne peut pas payer un loyer très élevé et nous le coût de la construction et le loyer d’équilibre fait qu’on a des problèmes de compatibilités" ajoute Valérie Lenormand, directrice de la SHLMR.
Face à la difficulté de louer et pour ne pas perdre le bénéfice de leurs investissements, certains bailleurs ont opté pour une mesure radicale : transformer des espaces bureaux en petits appartements
44m carrés - vue mer et chambre séparée. Cette décision a fait le bonheur de Lucienne : "c’est bien, là je suis bien c’est confortable" , "ca fait chaud au coeur de voir que les gens peuvent vivre dans uen maison propre".
Transformer des locaux professionnels en lieux d’habitation est l’une des mesures étudiées par le gouvernement pour répondre à la pénurie de logements. Mercredi dernier, le sénat a adopté une proposition de loi visant à faciliter de telles opérations.