Cette année 2011 sera l’année des Outre-Mers. A ce titre, de nombreuses manifestations culturelles seront organisées pour valoriser la culture des territoires ultra-marins. En ce qui concerne la Réunion, l’Etat prévoit dans son programme de traduire de grands classiques en créole. Un véritable défi lorsqu’on sait que le passage de la langue de Molière au créole ne se fait pas si aisément.
Traduire un grand classique de la littérature française n’est pas une mince affaire. Pour preuve, beaucoup de lecteurs qui s’essaient à cet exercice de langage se heurtent à des difficultés, la principale étant la question du sens.
Cette année 2011 sera dédiée à l’Outre-Mer. Dans ce contexte, le Ministre de la Culture Frédéric Mitterrand souhaite mener un projet particulier : celui d’offrir une version créole des plus grandes oeuvres littéraires aux Ultra-marins. Du côté des lecteurs avertis, les avis sont partagés. On se demande en effet si des écrivains tels que Corneille, Racine ou Maupassant peuvent réellement être traduits en créole, sans que l’esthétique de l’oeuvre n’en prenne un coup et en respectant le sens général du texte.
Ces interrogations gagnent aussi les professionnels du livre. Teddy Yafare-Gangama est un poète, auteur et traducteur. C’est à lui que l’on doit d’ailleurs les traductions des bandes dessinées Luky Luke et du Ptit Spirou en créole. Alors que la traduction d’une telle oeuvre peut demander jusqu’à trois mois, Teddy Yafare-Gangama pense lui au lectorat. Le travail de traduction du français au créole demande en effet beaucoup plus de réflexion lorsqu’il est question d’auteurs aussi marquants. Il s’agit de se voir quel lectorat sera visé par ce projet.
Force est de constater en parcourant les allées des bibliothèques que les ouvrages traduits en créole se font rares. Au travers de cette opération, l’Etat entend aussi interpeller les Réunionnais et les inciter davantage à découvrir ou redécouvrir les grands classiques, avec un regard différent. Si la traduction des classiques en créole parait être une tâche longue et ardue, la publication d’un Petit Prince en créole aura en tous les cas permis de poser les premiers jalons.