Tracteurs, épaves de bateaux, anciennes stations éoliennes ou solaires... Au total ce sont près de 600 tonnes de déchets qui vont être évacués par le Marion Dufresne à l’occasion de son déploiement dans les îles éparses. Mais le navire qui appareille aujourd’hui pour une mission d’un mois conduira aussi des programmes scientifiques.
Le nettoyage que va entreprendre la Marion Dufresne est également essentiel à la poursuite des opérations scientifiques. "Ces îles sont des sanctuaires de la biodiversité (...) nous y menons énormément de travaux de recherches en biodiversité, réchauffement climatique, mais aussi le suivi d’espèces particulières" explique l’administrateur supérieur des TAAF, le préfet Rollon Mouchel-Blaisot. Pour cette première mission dans les îles éparses (Glorieuses, Juan de Nova, Europa et Bassas da India, Tromelin), 600 tonnes de déchets devraient être ainsi récupérées qui représentent "une centaine d’années des différentes activités humaines" selon Thierry Perillo, son directeur de cabinet.
Indispensable Marion Dufresne
Quatre mois par an le navire est utilisé pour le ravitaillement des TAAF ; le reste du temps, il est sous-affrété à l’Institut Paul Emile Victor (IPEV) pour des missions océanographiques. Immatriculé au tout nouveau "Registre International Français" (RIF), il est géré par CMA CGM et compte une trentaine d’officiers et matelots français, ainsi qu’une quinzaine de malgaches chargés des opérations de manutention et de ravitaillement. Avec un coût d’exploitation de 11 M€ par an, l’avenir du Marion Dufresne reste incertain. Afin de réduire son coût d’exploitation, les TAAF envisagent de remplacer une partie des marins français, qui ne resteraient plus qu’une dizaine, par des marins étrangers. Une mesure qui passe mal alors que selon le site Mer & Marine 1,7 M€ devraient être consacrés à la rénovation des équipements scientifiques du navire. CMA CGM, qui gère le navire, devrait donc entamer des négociations avec les syndicats dans les prochaines semaines. A long terme, peut-être verra-t-on se dessiner une solution de financement mixte à l’image de ce qui a été fait pour les navires hydrographiques et océanographiques Beautemps-Beaupré et Pourquoi Pas ?, qui bénéficient d’un financement mixte entre la Marine nationale et l’IFREMER.
Les TAAF, un territoire un peu particulier
Les Terres australes et antarctiques françaises sont, depuis la loi du 6 août 1955, un Territoire d’outre-mer doté de l’autonomie administrative et financière. Les TAAF sont formées par l’archipel de Crozet, l’archipel des Kerguelen, les îles Saint-Paul et Amsterdam, la terre Adélie et les îles éparses (depuis la loi du 21 février 2007) : Glorieuses, Juan de Nova, Europa et Bassas da India dans le canal du Mozambique et Tromelin au nord de la Réunion. L’ensemble de ces terres procure à la France une Zone Economique Exclusive (ZEE) de plus de 2 500 000 de km² riches en ressources marines. Le siège des TAAF est installé depuis 2000 à Saint-Pierre de la Réunion où il regroupe près de 40 personnes. Les districts subantarctiques n’ont pas de population permanente, mais accueillent selon les bases de 50 à 100 personnes (scientifiques et personnels techniques) qui y séjournent de six mois à un an. Les îles Éparses accueillent des garnisons militaires et des météorologues relevés tous les 30 à 45 jours. Les bases sont desservies par la mer, avec le Marion Dufresne, au départ de la Réunion vers les trois districts austraux, et avec l’Astrolabe, depuis Hobart en Australie vers le district antarctique de terre Adélie. Les îles Éparses sont ravitaillées par avion militaire.
Une biodiversité exceptionnelle
Peu d’endroits au monde abritent encore des populations animales de l’importance de celles des TAAF : manchot empereur, grand albatros, manchot royal, éléphant de mer, otarie d’Amsterdam, pétrel géant, skua, gorfous, sternes…qui se comptent par milliers suivant les saisons et les espèces. Les Taaf ont créé en octobre 2006 une réserve naturelle couvrant une superficie d’environ 700 000 hectares dans les îles subantarctiques. Cette réserve est de très loin la plus grande de France. En protégeant les écosystèmes terrestres et marins exceptionnels des Kerguelen ou de l’archipel Crozet, elle permettra aux chercheurs de continuer à mener des travaux essentiels pour la connaissance et la protection de la biodiversité. Les îles Eparses sont également classées en réserve naturelle par arrêté préfectoral.