Peu connue, voir inconnue à La Réunion jusqu’à maintenant, cette complication accompagne toutes les épidémies de dengue dans le monde. Le choc de dengue est l’une des causes majeures de décès liée à la dengue. Malgré ce constat, l’épidémie continue de circuler sur l’île : du 3 au 9 mai, 1 382 ont été détecté avec plus de 300 passages aux urgences.
C’est la première fois à la Réunion que des syndromes de choc de dengue et des myocardites ont été observés. Face à cette augmentation des formes grave de la dengue, le Professeur Xavier Deparis, directeur de la Veille et de la Sécurité Sanitaires à l’ARS, revient sur les signes avant-coureurs.
Pour commencer, la dengue est asymptomatique dans 30 à 50 % des cas. Le reste du temps, elle se manifeste par une fièvre brutale : c’est la forme "classique". L’incubation dure en moyenne 4 à 7 jours et s’améliore généralement au bout du 5e jour.
Parfois, cette contamination peut dégénérer et créer un choc de dengue. "Le choc de dengue est une des complications les plus sévères" explique le directeur de la Veille et de la Sécurité Sanitaires à l’ARS, Xavier Deparis.
Elle se caractérise par une forte diminution de la pression artérielle. "C’est une défaillance cardiaque, c’est-à-dire qu’il n’y a plus assez de volume sanguin dans les vaisseaux. Or, le cœur est une pompe, donc celle-ci pompe à vide. À force, la défaillance cardiaque s’installe, et cela peut provoquer un décès", précise le professeur.
D’autres formes sévères existent et peuvent toucher le foie, l’encéphale ou le cœur, mais le choc de dengue est bien l’une des causes majeures de décès pour cette épidémie.
La dengue donne durant les 4 premiers jours de la fièvre, des maux de tête intenses, des douleurs articulaires avec parfois aussi des nausées, vomissement et diarrhée.
Normalement, à partir du 5e jour, une sensation de mieux-être doit apparaître avec la baisse de la température, même si la fatigue persiste.
Si au lieu de ça, la fièvre reprend, c’est là où peut survenir le choc de dengue. Cela se caractérise par une pâleur, et/ou des signes digestifs (maux de ventre, vomissement), et/ou des douleurs dans le thorax, et/ou une sensation de faiblesse avec des malaises voire des syncopes, il faut immédiatement appeler son médecin ou se présenter aux urgences à l’hôpital.
"Le choc de dengue touche tout le monde et quel que soit l’âge", avertit M.Deparis. Chez les nourrissons et les petits enfants, les signes digestifs peuvent être au premier plan. Souvent, les enfants expriment un mal de ventre et une grande fatigue, accompagnés de pâleurs.
Depuis début avril, l’ARS appelle à la vigilance face à l’augmentation des formes sévères de la maladie. 22% des hospitalisations sont liées à une forme sévère de la dengue, selon eux.
Pour la première fois à La Réunion, la proportion de patients affectés par une forme sévère est supérieure aux années précédentes. D ’ailleurs, cette tendance continue : du 26 avril au 2 mai, cette proportion se situe autour de 21%. C’est également le cas pour la période du 3 au 9 mai.
"En période d’épidémie de dengue, il faut se protéger au quotidien", conclut le directeur de la Veille et de la Sécurité Sanitaires à l’ARS . Dans ce contexte, il est essentiel d’éliminer les gîtes larvaires, de consulter un médecin dès l’apparition de symptômes et de se protéger des piqûres de moustiques.