Les agriculteurs de La Réunion subissent de plein fouet la mobilisation des gilets jaunes. Ils se mobilisent afin de faire cesser les blocages. Depuis le début du mouvement, ils rencontrent de nombreuses difficultés.
Les agriculteurs rencontrent de nombreuses difficultés depuis le début de la mobilisation. 14 jours de manifestations des Gilets jaunes qui bloquent les artères routières ainsi que la vie socio-économique de l’île… de nombreuses exploitations se retrouvent aujourd’hui dans une situation critique.
Une vanne qui s’ouvre et 1 200 litres de lait jetés dans la nature. Deux jours de travail pour rien, en raison du mouvement des Gilets jaunes. Jean-François Hoarau, éleveur de la Plaine des Cafres, est anéanti. "Combien de personnes na point de lait pour boire, ou lé obligé de traper pour jeter ; c’est un arrache-coeur. L’argent mi compte pas, mais mi coné ma la jeté au moins 5 000 litres de lait."
Si le mouvement perdure, 700 éleveurs laitiers risquent de perdre leur travail. C’est une filière qui se retrouve en danger. "L’aliment livré aujourd’hui n’est malheureusement pas complet. Le pire reste à venir : quand la vache chute en lait, ça prend du temps pour remonter et on ne sait pas quand la crise va se terminer", déplore Martha Mussard, présidente de la Sicalait.
Chez Jean-Denis Horau, éleveur de poulet dans les hauts de Montvert, il a encore un peu de grains dans ses silos, mais la production est fortement impactée : "La circulation est difficile, notamment pour les fruits et légumes, la commercialisation, la circulation des poulets jusqu’à l’abattoir, les cannes à sucre bloquées aux champs... tout est bloqué."
Ce matin, le collectif des agriculteurs en détresse et signée par les maires du Sud a été remis à la ministre des Outre-mer. Ils sollicitent les élus afin de leur permettre de sortir rapidement de la crise.
Le Tampon : opération escargot des agriculteurs dans le sens montant
Petite-Ile : des remorques de cannes incendiées
Blocages : les agriculteurs se mobilisent pour leur survie
Hier matin, la ministre des Outre-mer est partie dans une exploitation agricole du Sud de La Réunion afin d’écouter leurs revendications.
"Je sais la situation des éleveurs qui sont obligés depuis plusieurs jours d’abattre une partie de leur cheptel. J’ai vu leur désarroi.
D’autres filières sont affectées au-delà de l’élevage : la canne à sucre, les fruits et légumes. Depuis lundi, l’Etat a mis en place un
accompagnement spécifique pour aider les agriculteurs à surmonter leurs pertes, parfois très lourdes, causées par les blocages".
Annick Girardin rencontre des éleveurs dans le Sud
La FDSEA et les Jeunes Agriculteurs demandent à retrouver urgemment toutes les conditions requises à une reprise du travail. La rencontre avec la Ministre de l’Outre-mer hier a été l’occasion pour la FDSEA et les Jeunes Agriculteurs d’évoquer à nouveau les difficultés rencontrées par les agriculteurs réunionnais.
L’écoute dont a fait preuve Madame Girardin s’est traduite par la volonté de mener une réflexion profonde sur la pérennité des différentes filières en vue d’apporter des réponses adaptées aux problématiques spécifiques Outre-mer. Consciente du chantier à mener, la FDSEA espère que ce nouvel échange avec la Ministre portera ses fruits dès les prochains mois.
Pour l’heure, le mouvement social continue de pénaliser lourdement les agriculteurs. La FDSEA constate chaque jour les pertes sèches dans le secteur, toutes filières confondues. Les éleveurs ne sont pas assez apporvisionnés en aliments de bétails et les allers-retours à l’abattoir ne sont pas en nombre suffisant. Les craintes de voir périr 100 000 tonnes de cannes sont aujourd’hui confirmées. Et autre triste réalité, les canniers, qui sont payés par l’usinier uniquement au moment des livraisons, ne perçoivent plus de revenu depuis le début du mouvement social, faute de pouvoir se rendre sur les plateformes de livraison. Quant aux filières maraichères, les remontées d’informations sont inquiétantes. Certaines exploitations se sont plaintes de vols et de dégradation d’outils de travail. La FDSEA espère que ces actes de vandalisme resteront isolés. Les agriculteurs sont aujourd’hui nombreux à veiller sur leurs exploitations, de jour comme de nuit. La fatigue s’ajoute aujourd’hui à un moral en berne.
La FDSEA est très inquiète, son représentant national également. Hier, la FNSEA s’est exprimée sur la situation dans laquelle se trouvent les exploitants réunionnais. Via un communiqué de presse, le syndicat national a notamment souligné : "Nous appelons l’Etat à assurer la continuité économique de nos exploitations et à trouver en urgence des solutions pour retrouver les circuits de commercialisation des productions agricoles et nous aider à organiser l’approvisionnement de nos exploitations. Cette situation s’ajoute aux difficultés engendrées par les périodes de fortes pluies. Nous devrons tirer les enseignements de cette crise pour définir les contours d’une politique agricole adaptée à nos territoires. Notre agriculture insulaire est fragile et mérite toute l’attention de la République."
De l’aide de l’Etat, la FDSEA Réunion réclame également l’entraide entre les acteurs. Le syndicat souhaite que TEREOS compense la perte de richesse des cannes qui pourrront lui etre livrées une fois les blocages terminés. Le syndicat estime légitime - et surtout vital - que l’usinier paye la tonne de cannes qui sera livrée après conflit au meme prix qu’une tonne de cannes livrée avant conflit, afin de compenser la perte inévitable de richesse des cannes détériorées. Et cela, en puisant dans l’enveloppe d’aides de 44 millions d’euros que l’industriel perçoit en achetant les cannes, et tel que précisé dans l’article 21 de la Convention Cannes. Les canniers n’ayant plus aucune trésorerie, la FDSEA demande également à TEREOS le versement immédiat des fonds qui leur reviennent sur la production de bagasses. Avoir les fonds quelques semaines plus tot est devenu une nécessité, ils permettraient à de nombreuses familles de subvenir à leurs besoins primaires. Pour cette meme raison, la FDSEA souhaite que les bons de fertilisation soient versés dans les meilleurs délais.