-Selon vous, l’Unesco a fait un mauvais choix ?
C’est pas l’Unesco qui a fait un mauvais choix. C’est de la faute de la Région. Elle refuse de reconnaître toute une partie musicale du patrimoine réunionnais.En plus elle se trompe dans ses affirmations, étant donné que ce qu’on appelle Maloya aujourd’hui, est à l’origine du séga.
-Ça vous révolte de voir reconnaître le Maloya, comme patrimoine mondial ?
Non je ne suis pas révoltée, je trouve dommage que des gens qui sont soi-disant très calés dans la culture fassent des conneries pareilles. Qu’ils disent autant de conneries ça m’énerve !... En fait pour eux, c’est politiquement correct de dire Maloya plutôt que de dire Séga. Vraiment ça ne correspond pas à la Réalité de l’histoire de la Réunion.
-Connaissez-vous réellement l’origine du Maloya ?
Le vrai terme pour l’Unesco aurait dû être « Séga ». Tout simplement parce que le Maloya fait partie d’un ensemble plus vaste qui est le séga. Ce qu’on appelle Maloya aujourd’hui, est ce que nos anciens appelaient Séga jusqu’au début du 20è siècle. Le séga est la danse des Noirs, la danse de nos esclaves.
Au milieu du 19è siècle, on fait un autre type de séga qui a pris le nom de Maloya. Il a commencé à être joué dans les salons. Le vrai séga d’origine est resté tel quel à Maurice et à Rodrigues. Là-bas il n’y a pas de maloya, ça n’existe pas. Ils sont restés fidèles.
Le Séga a toujours été la danse des noirs des esclaves, pas le Maloya ! Ce dernier vient de Madagascar ! Ici on a tout mélangé. On a fait du séga Maloya, puis il est devenu Maloya tout court.
-Selon vous la vraie danse de l’esclave c’est le séga ?
Oui bien sûr ! c’est bien le séga qui est la danse et la musique d’origine. Vous n’avez qu’à regarder dans les documents comme les lithographies de Roussin, tout ce qu’il y a dans les témoignages depuis le 18è. On parle de séga pas de maloya…
-Alors qu’aurait-il fallu faire à l’Unesco ?
Promouvoir et faire reconnaître le séga dans sa globalité car il a plusieurs ségas : le séga de salon, le séga Maloya….
La vraie danse des esclaves c’est encore une fois le séga. Le mot séga vient de l’Afrique. Le mot Maloya vient de Madagascar.
C’est encore une fois dommage d’avoir restreint toute la culture musicale de la Réunion au simple Maloya.