Avec l’approche du cyclone Batsirai, La Réunion sera placée en alerte rouge ce mercredi à 19 h. La préfecture recommande d’ailleurs aux propriétaires de mettre leurs animaux à l’abri. Mais qu’en est-il des animaux errants ? Contactés par l’équipe de LINFO.re, les différentes fourrières de l’île, gérées par les différentes intercommunalités, indiquent que même en cette menace cyclonique, pas plus d’animaux ne sont recueillis. Une association dit pouvoir en recueillir une dizaine.
Selon Eddy Turby, responsable de l’activité de l’environnement animalier pour la SEMRRE, qui s’occupe des fourrières de la CINOR, la CIVIS et la CASUD, un cyclone n’augmente pas le nombre d’entrées dans les fourrières. "On ne va pas ramasser des animaux supplémentaires parce qu’il y a un cyclone. La fourrière est pleine pratiquement toute l’année. Un cyclone n’augmente pas le nombre d’entrées, contrairement à la période des fêtes où, là, on voit de nombreux chiens qui s’échappent", indique-til.
D’ailleurs, selon lui, un cyclone n’augmente pas non plus le nombre de dépouilles d’animaux morts sur la voie publique. "Ce n’est pas un cyclone qui fait le plus de victimes parmi les animaux, mais bien la période des fêtes de fin d’année avec les pétards et les feux d’artifice. Le lendemain de Noël et du jour de l’An, c’est vraiment l’hécatombe notamment sur les axes rapides", poursuit-il.
La réponse est la même du côté du TCO. "Pour nous, l’activité fonctionne comme d’habitude. Il n’y a pas plus de capture parce qu’il y a un cyclone”, indique pour sa part Emmanuelle Espérance, de la direction de l’environnement. “On ne peut pas ramasser tous les animaux errants dans les rues. C’est sûr qu’on aimerait tous les recueillir, mais matériellement, c’est impossible. Déjà, en temps normal, ce n’est pas possible."
L’association Les Pattounes des îles propose de son côté, sur sa page Facebook, de recueillir une dizaine de chiens errants. Le référent de l’association à La Réunion, Martial Daujet, croit pour sa part qu’un cyclone est un événement dangereux pour les animaux errants. "Ce cyclone va taper fort et les animaux errants vont en souffrir. Nous avons déjà une vingtaine de chiens et on peut en accueillir jusqu’à 10 autres. Pendant les fortes pluies d’il y a quelques semaines, nous avons retrouvé de nombreuses carcasses d’animaux dans les ravines. Imaginez avec un cyclone", lance-t-il.
Pour Martial Daujet, la population devrait essayer de recueillir des animaux errants pour les mettre à l’abri pendant le passage du cyclone.
Sur l’île, ce sont entre 73 000 et 100 000 animaux vivant dehors qui ont été répertoriés sur l’île, selon une étude datant de 2016 mandatée par la préfecture de La Réunion. Lysiane Uny, présidente de l’association REVEZ (Renyon Viv Ensamb ek Zanimo), n’est pas surprise que les fourrières animales de l’île n’accueillent pas plus d’animaux en cette période cyclonique. "Ça ne me surprend pas. J’imagine qu’ils ne peuvent pas en faire plus", souligne-t-elle.
Lysiane Uny regrette un nombre de refuges animaliers insuffisants sur l’île. "C’est désolant. Ça fait plusieurs décennies que le problème de l’errance animale est soulevé, mais peu de choses ont réellement changé", a-t-elle expliqué avant de nuancer que des médiateurs du TCO ont été formés avec une mallette pédagogique créée par son association afin de sensibiliser les élèves et les familles.
Pour elle, le problème de l’errance animale passe par la sensibilisation de la population et des élus, et, surtout, par la stérilisation des animaux en grand nombre. "On ne peut pas réellement protéger tous les animaux qui sont dehors, que ça soit pendant la période cyclonique ou non. Mais il faut faire en sorte qu’il y en ait moins. Si on stérilise environ 70% des animaux qui vivent dehors, le problème pourrait se régler", croit-elle.
Sébastien Naïs