1- Concernant la campagne sur la sécurité lancé par vous depuis quelques semaines, relayée, jeudi par le chef de l’état, en pleine période électorale, peut-on avancer qu’il s’agit un hasard de calendrier, ou est-ce une façon de relancer l’intérêt des Français sur les élections européennes ?
Christian Estrosi : Votre question sous-entend qu’il faudrait s’arrêter de légiférer pendant les élections. Faudrait-il dire aux Français que pendant les élections, nous ne pouvons assurer leur sécurité ? Ce n’est pas ma conception. La sécurité c’est tous les jours, toutes les semaines, tous les mois. Ce combat doit être un combat de tous les jours : la délinquance est en constante mutation. Alors que la délinquance a été en 2008 à son plus bas niveau depuis 11 ans, on assiste depuis quelques mois à une augmentation d’une nouvelle forme délinquance plus organisée : les cambriolages, la cybercriminalité, les phénomènes de bandes. Les délinquants essaient d’avoir une guerre d’avance. Il faut désormais devancer ces évolutions. Grâce à l’action de Nicolas Sarkozy, on a gagné des batailles et maintenant il faut gagner la guerre.
2- Comment expliquez-vous la montée de certains violences, depuis quelques années, comme ici à la Réunion, les violences faites aux femmes ?
C.E. : Les statistiques sur les violences faites aux femmes ont effectivement augmentées rapidement ces dernières années. Je l’explique notamment par l’adoption en 2004, d’une réglementation adaptée qui protège davantage les victimes et qui les incite donc à dénoncer aux autorités compétentes les faits scandaleux qui les affectent. C’est le même problème que pour le viol incestueux, sur lequel j’ai beaucoup travaillé. Il y a quelques semaines, à l’Assemblée nationale, nous avons consacré sa spécificité dans le Code pénal . Le tabou doit être brisé. Reconnaissez qu’en matière de réactivité face aux violences, nous sommes passés de la naïveté de M. JOSPIN à l’efficacité de Nicolas SARKOZY. Aujourd’hui, grâce aux peines planchers que nous avons votées en juillet 2007, dans 65 % des cas, les maris violents qui récidivent sont condamnés à une peine égale ou supérieure à la peine plancher encourue.
3- Pourquoi faut-il que les Réunionnais votent le 7 juin ?
C.E. : D’abord parce que les Réunionnais sont citoyens européens à part entière et qu’à ce titre, ils doivent peser et faire entendre leur voix au niveau de l’Europe. Il faut aujourd’hui être conscient du poids du Parlement européen qui est l’un des parlements les plus puissants au monde par rapport au pouvoir exécutif.
En matière de transport, d’énergie, de protection des consommateurs comme dans une quarantaine de domaines politiques, les députés européens disposent du dernier mot sur l’ensemble des textes votés. A l’Assemblée nationale, la majeure partie des lois examinées transposent des textes préalablement débattus et votés au Parlement européen. Prenons le domaine du développement durable dans lequel souhaite s’engager La Réunion avec le projet GERRI : il faut savoir que 80% des mesures adoptées en France découlent directement de normes européennes.
Au quotidien, les décisions de l’Europe ont certainement plus d’impact que celle d’une ville ou d’un département. Il est donc important que les Réunionnais s’approprient un espace politique qui produit la majorité des lois et qui influence de manière significative leur destin.
4- Votre sentiment sur le désintérêt des Réunionnais vis-à-vis des élections européennes ?
C.E. : Disons les choses comme elles sont : ce désintérêt n’est pas propre à la Réunion mais concerne l’ensemble des régions et pays européens. Mais il est vrai que le faible niveau des intentions de vote prend à La Réunion une signification particulière : Région ultrapériphérique bénéficiant de fonds européens très importants et de surcroît surreprésentée lors des dernières élections avec 3 députés, ce désintérêt peut avoir effectivement quelque chose de paradoxal.
Plusieurs raisons peuvent être avancées. La première c’est la crise : les Réunionnais sont plus préoccupés par le chômage et leur pouvoir d’achat, des problèmes qu’ils relient directement à l’échelon national. On peut aussi évoquer la responsabilité des médias et cette responsabilité est d’autant plus grande lorsqu’ils travaillent dans un environnement insulaire.
Peuvent être également avancées des difficultés liées au mode de scrutin, qui en instituant trois sections dans l’outre-mer ne facilite pas la cohésion et la lisibilité démocratique.
Enfin, il faut bien reconnaître que parmi les trois députés européens de l’outre-mer, seule Margie Sudre a accompli avec tout le sérieux qu’on lui connaît et avec une assiduité remarquable ses deux mandats de parlementaire européen. Jean-Claude Fruteau a démissionné au cours de son dernier mandat et Paul Vergès s’est distingué par son absentéisme avant de démissionner à son tour. Ce type de comportement contribue à brouiller l’image du Parlement européen. Ce type de comportement contribue à brouiller l’image du Parlement européen en n’en faisant qu’une simple place de stationnement dans l’attente d’un mandat national ou pire une voie de garage sans importance.
Certains hommes politiques feignent donc de s’émouvoir d’un phénomène dont ils sont parfois les premiers responsables.
5- La campagne de l’UMP est discrète à La Réunion . Pourquoi ?
C.E. : Je pense d’abord que les militants s’attendaient à ce que Margie SUDRE se représente. Elle a préféré renoncer à ce nouveau mandat. Je le regrette mais je respecte sa décision. Dès lors la candidature de Yolaine Costes a été proposée et c’est avec le soutien de tous les élus UMP qu’elle a obtenu l’investiture en tant que tête de liste de la section Océan indien : Yolaine Costes, secondée par Cyrille Melchior, s’est rendue dans toutes les communes pour rencontrer les électeurs et les militants. Ces réunions et ces rencontres, si elles sont peut-être restées dans l’ombre, n’en sont pas moins indispensables. La plus grande médiatisation de la campagne d’Ericka Bareigts tient finalement davantage aux aléas et aux ratés de sa campagne. Malgré la venue de deux ténors nationaux, le PS n’a pas réussi à se rassembler autour de sa candidature. Quant à Elie Hoareau, il ne doit pas être facile de faire oublier la piètre prestation de son prédécesseur au Parlement européen…
Forte du soutien de la fédération UMP, Yolaine Costes mène une campagne active et déterminée, et contrairement à d’autres candidats, elle s’est rendue à Mayotte pour rencontrer et être à l’écoute des ambitions européennes des Mahorais. Ce mercredi, toute la famille UMP se réunira une nouvelle fois au tour de sa candidature au Parc Exotica à Saint-Pierre, et j’invite tous les médias à nous rejoindre. C’est avec une grande confiance et une grande détermination que nous abordons le scrutin de dimanche prochain.