Au lendemain du meurtre d’Elodie Boudia, le comité Npns 974 affiche sa colère et son désarroi face à ce nouveau drame qui frappe de plein fouet la gente féminine de la Réunion. Il y a à peine deux mois les membres de Ni putes ni soumises avaient organisé une marche blanche suite à l’assassinat de Florence Dijoux par son ex concubin.
Que faut-il donc faire pour que cette violence meurtrière envers les femmes cesse ? la question est une nouvelle fois soulevée au lendemain de la mort de la mère de famille de Petite-Île.
Le 16 mai 2009 dernier , plusieurs associations (Femmes solid’air, Femmes du Sud en Action, et NPNS 974) s’étaient mobilisées pour organiser une marche blanche à la mémoire de Florence DIJOUX à Saint Louis.
Cette marche a été l’occasion de rendre hommage à une mère de famille, qui, victime d’un coup de fusil de la part de son ex-compagnon, a laissé derrière elle, deux adolescents.
"Deux enfants qui devront grandir sans leur maman... Ce jour-là, tous les bénévoles se sont dit « plus jamais çà ».Ras le bol de vivre cette tristesse.
Plus jamais de défilés, habillé tout de blanc pour dire notre désarroi face à un déchaînement de violence.
us jamais de famille brisée, ou d’existence ruinée par jalousie ou par simple envie de posséder l’autre.Et pourtant, quelques mois ont passé, et c’est le même schéma qui se répète.
En 2002, Sohanne, âgée de 17 ans, était morte, brûlée dans un local à poubelles à Vitry.C’est là que notre mouvement est né.
Le combat que nous avons mené a pris divers visages : groupes de paroles, marche blanche, projet d’insertion, activités et accompagnement pour les personnes en situation sociale difficile, orientation des victimes de violence vers les hébergements d’urgence.
Donner un sourire, tendre la main, partager un moment ensemble... Une goutte d’eau dans la mer, une barque à laquelle certaines ont pu s’accrocher pour rester à la surface...
Et puis hier, 29 juillet 2009, nous apprenons que la violence continue :
Cette fois, les médias nous annoncent que c’est une jeune mère de famille de 19 ans qui a été poignardé à plusieurs reprises, sur un terrain de football, à Petite-île.
Que dire, si ce n’est que, comme tout un chacun, nous sommes encore sous le choc ce soir.
Nous pensons aux familles, bien sûr, mais aussi à cette jeune fille, qui n’avait même pas vingt ans.
Et puis, dans quelques jours, lorsqu’un autre fait divers sera mis à la une, que les radios auront d’autres informations à suivre, que se passera-t-il ?
Aurions-nous tout oublié ? Attendrons-nous la prochaine victime pour nous mettre debout et dire non à toute cette violence ?" Ou alors, essaierons-nous de nous demander , non pas le pourquoi, mais le comment de cette affaire ?Comment ont- ils pu en arriver là, agresseur et victime ?
Toutes ces questions ne ramèneront pas Elodie Boudia...Toutes ces questions n’essuieront pas les larmes de sa famille, ni celles de ses enfants.
Des millions de femmes dans le monde sont victimes de violence sous ses formes les plus diverses et les plus choquantes. En somme, cet éventail de violences ne peut que nous heurter et nous indigner.
La nécessité d’une action collective concertée pour défendre les droits des femmes et éliminer toutes les formes de violences doit être affirmée davantage aujourd’hui.
Et si une prise de conscience s’est faite largement entrevoir au niveau des pouvoirs publics, (mise en place du 115, campagnes d’information, hébergements d’urgence) nous devons encore rester sur le terrain pour aider toutes celles qui veulent garder la tête haute.
Toutes celles qui malgré les méandres de la vie vont encore de l’avant... Si vous croisez le chemin de celles et ceux qui ont souffert, vous verrez que ces personnes sont aux antipodes d’un discours victimaires. Elles sont même le moteur du Mouvement, les rouages de notre combat. Elles sont la personnification de nos actions et de nos espoirs pour que tout cela cesse un jour, enfin.
Aujourd’hui, nous devons nous mobiliser et agir ensemble, car c’est arrivé chez nous, dans notre île, une fois de plus, une fois de trop.
Mobilisons nous pour que la lutte contre les violences soit enfin traitée comme une question politique et non plus comme une série de faits-divers.
Mobilisons nous pour que la lutte contre les violences faites aux femmes soit décrétée Grande Cause Nationale en 2010.
Donner un sourire, tendre la main, partager un moment ensemble...Sans finir par se déchirer.
Prévenir l’isolement des victimes qui n’osent pas porter plainte, décoder les comportements à risques des agresseurs et les écouter".
À travers ce long communiqué, le Comité Ni putes ni soumises réclame une nouvelle fois la mise en place d’une action d’envergure pour enrayer la violence faîte aux femmes.
Il demande que l’année 2010 soit décrétée année de lutte contre la violence faîtes aux femmes.