Le procès du père Jacky Hoarau, ancien curé de Sainte-Marie, pour viols sur un enfant de choeur s’est ouvert ce jeudi aux Assises. Retour sur cette première journée d’audience.
Après une première matinée en huis clos complet, sur demande de l’avocat de la victime Maître Olivier Chopin, la salle d’audience de la cour d’assises s’est ouverte aux journalistes vers 14h30. Le procès de Jacky Hoarau, ancien curé de Sainte-Marie accusé de viols, d’attouchements et d’agressions sexuelles sur un jeune enfant de choeur est en effet très médiatique. Révélée en février 2010, cette affaire avait fait couler beaucoup d’encre et particulièrement ébranlé le diocèse réunionnais.
La position de l’Eglise dans ce dossier tient d’ailleurs une place déterminante dans ce procès. Ce matin, la constitution de partie civile, demandée par l’église, a été jugée irrecevable par la cour. Une décision contestée par l’avocat du syndicat éclessiastique des prêtres de la Réunion, Maître Jean-Jacques Morel, qui a déposé deux recours pour permettre à l’église de faire valoir sa position de victime (cf linfo.re Assises : l’Eglise veut faire entendre sa voix).
Cet après-midi, Monseigneur Gilbert Aubry a été entendu comme témoin à la barre. Les questions de la cour fusent alors, elles concernent l’homosexualité et la séropositivité du prêtre Jacky Hoarau. Celui-ci a confié sa souffrance à Monseigneur Gilbert Aubry dès 1990 et il est envoyé en thérapie pendant 4 mois au Canada. "Si quelqu’un me dit je suis mal dans ma peau, j’ai un problème pour vivre mes engagements et mes orientations, qu’il est une tendance homosexuelle ou hétérosexuelle, on discute et on essaye de voir comment l’aider à tenir ses engagements", explique Msgr Aubry, qui explique qu’à son retour le prêtre allait beaucoup mieux.
Pour le bâtonnier Georges André Hoarau, chargée de défendre l’ancien prêtre accusé de viols sur un enfant de choeur, l’église n’aurait pas pris une telle décision si le prêtre était hétérosexuel. "Il s’agit là de problèmes honteux car notre société considère l’homosexualité comme une maladie, la preuve Monseigneur l’a envoyé se rééquilibrer sexuellement. En 1990, mon client n’avait aucun profil pédophile !", affirme le bâtonnier.
Dans le box des accusés comme à la barre, l’accusé montre peu d’émotions et malgré les attentes de la victime ne s’adresse pas à l’adolescent. Les psychiatres et psychologues décrivent un manque d’empathie de la part du prêtre, qui a reconnu partiellement avoir entretenu des relations sexuelles de type "fellations" avec l’enfant de choeur de 14 ans, même s’il nie les viols.
"Apparrament, c’est lié à la perversion, c’est à dire qu’il considère que le jeune comme étant un objet sexuel, donc en fait il est égocentré et ne pense pas à la victime c’est ce qui devrait ressortir demain", estime l’avocat de la victime Maître Olivier Chopin. Demain, le procès se poursuit avec les plaidoiries des avocats et les réquisitions de l’avocat général, le verdict est attendu quant à lui dans la journée.
Rappel des faits :
L’ancien prêtre de Sainte-Marie est accusé de viols sur un mineur de moins de 15 ans par personne ayant autorité. Entre mai 2008 et juin 2009, l’homme d’église aurait fait subir des attouchements et des viols à un jeune enfant de choeur âgé de 14 ans. Le garçon avait fini par se confier à sa mère qui avait tiré la sonnette d’alarme. La Justice et l’évêché sont alertés et une procédure judiciaire est enclenchée. L’ancien curé est mis en examen, puis incarcéré avant d’être remis en liberté sous contrôle judiciaire.