Les allégations reliant le vaccin à l’autisme ont en grande partie conduit à l’inscription de la France dans la liste des pays responsables de la propagation de la rougeole en 2018.
La France figure parmi les dix pays responsables à 75% de l’augmentation totale du nombre des cas de rougeoles recensés en 2018 selon l’agence des Nations Unies pour l’enfance. Ce constat sonne mal, vu le niveau de développement de l’Hexagone. L’Unicef a recensé une augmentation de 2 269 cas entre 2017 et 2018 en France. Dans son entretien avec le journal Le Parisien à propos de la rougeole, Agnès Buzyn déplore cette situation : "On est le pays de Pasteur, et pourtant on nous considère comme un mauvais élève, capable de propager le virus dans le monde ".
Dans les explications fournies par la ministre, l’insuffisance de la couverture vaccinale ainsi que les réticences d’une partie de la population au vaccin contre ce virus sont les principales causes de cette propagation. "La plupart des pays du Nord, où il n’y a pas de défiance vis-à-vis du vaccin, ne sont pas touchés par ces épidémies", souligne-t-elle, tout en mettant l’accent le caractère très contagieux de la rougeole.
D’après les chiffres de Santé Publique France, "89% des cas de rougeole signalés entre novembre 2017 et août 2018 dans l’Hexagone ont touché des sujets non ou mal vaccinés - tout en sachant que deux injections sont nécessaires". Pourtant, seulement 79% de nouveaux nés ont pu recevoir ces deux doses en 2017.
Une couverture vaccinale de 95% est pourtant nécessaire pour envisager une éradication de cette maladie infectieuse selon l’Agence nationale de Santé publique. Agnès Buzyn ne manque pas de rappeler que la situation de la France était toute autre auparavant : "Il y a encore 20 ou 30 ans, notre taux de vaccination était tout à fait suffisant".
La ministre pointe également les campagnes de désinformation menées par certaines entités : "Comme beaucoup de pays, la France a subi les campagnes de désinformation et elle y a été visiblement très sensible". Plusieurs personnes croient en effet aux allégations diffusées en 1998 reliant le vaccin contre la rougeole à l’autisme. Avec la propagation de la rougeole, ces campagnes ont également fait l’objet de larges diffusions sur les réseaux sociaux, notamment par des membres du mouvement "anti-vax".
Pour la ministre de la Santé, la solution contre ce fléau est une sensibilisation des familles au sens large ainsi que la poursuite d’ "un rattrapage progressif de la vaccination" déjà mise en œuvre par les professionnels de santé. "Les parents qui ont des nourrissons et qui doivent donc maintenant être obligatoirement immunisés ont pris conscience qu’il n’y avait pas de raison de ne pas le faire avec leurs autres enfants, plus âgés", a-t-elle constaté.