En marge des tensions liées aux incidents contre les transports en commun à Tremblay-en-France, un avocat a pris en main plusieurs dossiers de plaintes pour violences policières à l’encontre de jeunes.
BOBIGNY (AFP) - En marge des tensions liées aux incidents contre les transports en commun à Tremblay-en-France, un avocat a pris en main plusieurs dossiers de plaintes pour violences policières à l’encontre de jeunes.
"On utilise la banlieue, on stigmatise ses habitants et on instrumentalise les faits pour y mener des expériences sécuritaires en période politique difficile, j’ai l’impression qu’on cherche à envenimer les choses plutôt que les régler", explique Me Arié Alimi, qui a déjà déposé deux plaintes, s’apprête à en formuler deux autres et tente de regrouper d’autres actions judiciaires.
"Le président Sarkozy a parlé de tolérance zéro, je veux qu’il y en ait une vraie concernant les violences policières et les opérations illégales qui sont menées en banlieue, nous ne laisserons plus rien passer", ajoute Me Alimi.
La police des polices (inspection générale des services, IGS) enquête sur les deux plaintes déjà déposées, a indiqué la préfecture de police sans autre commentaire.
La première plainte a été déposée au nom de E. pour violences volontaires avec armes en réunion, torture et actes de barbarie, la deuxième au nom de R. pour violences volontaires en réunion, ainsi que faux témoignages et dégradation de bien privé, selon Me Alimi. Tous deux requièrent l’anonymat.
Le 9 avril, E., 17 ans, se trouvait dans la cité des Grands Ensembles à Tremblay pour, dit-il, "rendre visite à ma grand-mère".
"J’ai croisé un policier qui m’a pointé avec son flashball et m’a demandé de reculer. Alors que je le faisais, il a tiré deux fois en ma direction, le premier coup m’a raté mais le second m’a touché au visage, je suis tombé à moitié inconscient", relate E.
"J’étais à l’hôpital quand le policier qui m’avait tiré dessus est arrivé accompagné d’un collègue et m’a embarqué", explique-t-il. "J’étais menotté à un banc, au commissariat d’Aulnay, il m’a frappé violemment au visage et à l’arrière de la tête à plusieurs reprises en me tenant des propos racistes", explique E.
A l’époque, des sources proches de l’enquête avaient indiqué que la police avait fait usage de flashball afin de disperser plusieurs jeunes lors d’une bagarre entre bandes et qu’un adolescent mineur avait été légèrement blessé à la tête.
Le 14 avril, toujours à Tremblay, R. raconte qu’il se trouvait sur son scooter, "sans casque" : "un policier m’a braqué avec un +cougar+ (flashball avec une plus grande portée) en m’ordonnant de m’arrêter, ce que j’ai fait. Il m’a frappé au visage et au bras à plusieurs reprises puis m’a saisi à la gorge avec sa matraque et m’a tiré au sol sur une vingtaine de mètres, jusqu’à la voiture de patrouille. Une fois dans la voiture j’ai été de nouveau frappé", dit R.
Le lendemain, le ministre de l’Intérieur Brice Hortefeux avait relaté les faits : "à 20H30, des effectifs de policiers locaux ont procédé au contrôle d’un individu sur un scooter dans la cité des Grands ensembles et, à ce moment-là, une cinquantaine d’individus ont pris à partie les policiers en leur jetant des projectiles".
Pour Mme M., dont le fils a été interpellé le même jour que E., et qui déclare avoir été frappé pendant sa garde à vue, les parents souvent n’osent pas soutenir leurs enfants. "Au début, quand mes fils se faisaient embarquer, qu’ils me disaient que c’était sans raison, je ne les croyais pas, je les réprimandais, maintenant je commence à les croire", dit-elle.
Des renforts de police ont été déployés ces dernières semaines à Tremblay après la multiplication d’attaques contre des bus. Le 1er avril, à Villepinte, M. Hortefeux avait affirmé que ce n’était "pas aux petites crapules" de faire la loi dans les cités, réitérant sa volonté de faire "la guerre" aux trafics de drogue et aux bandes.