La course transatlantique la Route du Rhum a lancé son top départ le 9 novembre dernier. Parmi les skippers, le Réunionnais Victor Jost, 27 ans, fait toujours partie de la course. Au 8e jour, ce jeudi 17 novembre, il donnait de ses nouvelles dans son journal de bord.
Bonjour zot tout !
Aucun doute je suis rentré dans une zone de navigation de rêve ! Au risque de me répéter, ici il fait ensoleillé la mer est d’un bleu hyper intense et l’air est doux. Quel bonheur !
Hier, en début de nuit, j’ai commencé par une petite sieste de 20 minutes, car j’étais fatigué, puis je me suis assis dehors sur mon petit siège transportable (ultra confort). J’ai allumé un podcast et je me suis fait un petit plat de semoule au poulet lyophilisé. Agrémenté d’une super huile d’olive du sud de la France (que l’équipe Chevillard m’a apportée exprès) et d’un peu de piment... oh lala c’était bon ! Le tout dégusté dans le noir absolu, car la lune n’était pas encore levée. Très bon moment !
Ensuite, j’ai eu le droit à une nuit pleine d’étoiles, c’était de la folie ! J’ai passé du temps dehors à régler mes voiles, car le vent était très changeant. Il faisait bon, c’était paisible et surtout magnifique. Malheureusement, je n’arrive pas à photographier ce genre d’images, donc ça restera dans votre imaginaire. Mais je peux vous aider à faire le dessin : un grand mât au milieu qui se balance au grès des vagues, avec une grand-voile immense, assez sombre, on ne distingue pas bien les écritures dessus. Au sommet du mât, une petite lumière verte et tout le reste du tableau, vous pouvez y mettre un fond noir couvert d’étoiles. Trop beau !
Pour continuer dans cette lancée, j’ai droit à un lever du soleil canon. La chance ! En revanche cette fois j’ai pu le filmer !
Enfin, après le lever du soleil, je télécharge les positions et j’ai fait une bonne nuit. J’ai gardé de la vitesse dans une bonne direction par rapport à mes concurrents directs. Très content ! Bref la journée commence bien.
J’ai écrit ces premières lignes directement au réveil, car j’ai remarqué que les émotions évoluent vite dans la journée et j’ai tendance à oublier toutes mes petites victoires et petites défaites.
Je dis ça, car juste après avoir écrit cela, je suis allé m’asseoir dehors, grignoter un biscuit en regardant les lumières du jour qui continuaient de s’installer, sur un petit fond musical de Kaf Malbar, "Fou de ou", haha ! Et il faut croire que ça m’a inspiré, car je me suis dit qu’il fallait surfer sur cette vague de réussite et que c’était le moment pour me replonger dans mon électronique qui avait planté la dernière fois. Pour rappel, un composant (parmi tous ceux qu’il y a à bord) avait créé un court-circuit et m’empêchait d’utiliser tous mes instruments, dont le pilote automatique. J’avais réussi à identifier le composant et l’avais débranché. Donc tout s’est remis à marcher, sauf que sans cette partie que j’avais débranchée je ne pouvais pas utiliser pleinement mes instruments. Donc bref sans rentrer trop dans les détails, pour revenir à un pilote à 100% il fallait que j’enquête sur le composant défectueux pour comprendre quelle partie n’allait pas et ainsi pouvoir le rebrancher sur mes instruments sans créer de court-circuit. ET CEST BON !! Trop content, maintenant j’ai à nouveau les informations de Vent Réel, je peux utiliser le pilote automatique dans ce mode-là et c’était quand même important pour les journées que je vais passer sous spi dans les alizés !
Par la suite j’ai fait un peu de météos, j’ai lu, j’ai réglé le bateau, change un peu le matossage vers l’avant, car le vent mollissait. J’ai déjeuné un kiri goûté en entrée (ne rigolez pas, c’est très bon), un plat de pâte bolognaise que j’ai agrémenté d’un peu de gruyère suisse, puis en dessers un gros pamplemousse, miam. Vu qu’on dirait que l’appétit m’est revenu, je crois que je trouve plus facilement les gourmandises dans le bateau. Je suis tombé sur du chocolat (par hasard je vous promets) et j’en ai déjà englouti une bonne partie... oups !
Enfin, et ça c’est la cerise sur le gâteau, le vent s’est mis doucement a tourné, ce qui fait que je ne navigue plus au près, j’ai envoyé à l’instant mon grand gennaker ça fait du bien de manœuvrer un peu. Et ce soir si tout se déroule comme prévu, j’envoie un spi et c’est parti pour les grands surfs dans les alizés !!! Wouhou !
La journée passe tellement vite que je n’ai même pas eu le temps de tout faire, j’ai fait le compte de mon eau potable restant et j’ai assez pour me prendre une petite douche donc j’avais tout sorti, mais finalement je n’ai fait que repousser l’échéance donc ce sera demain, je pense.
Voilà pour ce 8e jour de course, j’espère que vous prendrez du plaisir à me lire. Je vous embrasse.
Victor
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