Plusieurs dizaines de migrants installés dans un campement improvisé ont été délogés par les forces de l’ordre. Des élus du Parti de gauche dénoncent un déni de justice et une intervention violente.
Après le démentiellement du camp de migrants du quartier de La Chapelle le 2 juin dernier, puis une autre évacuation de personnes le 5, à quelque centaines de mètres de là, une nouvelle opération de police a eu lieu ce lundi dans le 18ème arrondissement de Paris. Selon une source policière, 84 personnes ont été évacuées de la halle Pajol où elles s’étaient installées depuis plusieurs jours.
Escorté par des CRS et des gendarmes, un bus rempli de migrants a quitté la bibliothèque Vaclav-Havel, rue Pajol, peu après 16 heures. Selon le préfet de police de Paris Bernard Boucault, ces personnes ont été emmenées au commissariat où il leur a été demandé, avec l’aide de cinq interprètes, s’ils souhaitent solliciter l’asile. La préfecture a indiqué que leur situation allait être étudiée "au cas par cas. (…) S’il n’y a pas eu demande d’asile, et pas de raisons de rester en France, cela peut vouloir dire être transféré en centre de rétention, ou se voir signaler une obligation de quitter le territoire".
Des heurts ont eu lieu durant cette opération, plusieurs dizaines de personnes, élus de gauche et défenseurs de la cause des migrants s’étant interposés. Les policiers ont brièvement fait usage de leurs bombes lacrymogène et interpelé plusieurs manifestants. Trois personnes auraient fait des malaises.
Plusieurs élus de gauche ont fait part de leur indignation face à cette opération, dénonçant la violence des forces de l’ordre. "Il y a eu des fortes violences, malgré la présence d’élus", a dénoncé Danielle Simonnet (Parti de gauche). Le secrétaire national du PCF Pierre Laurent s’est dit sur Twitter "révolté par le comportement de Manuel Valls qui envoie la force publique contre les réfugiés de la halle Pajol".
Révolté par le comportement de @manuelvalls qui envoie la force publique contre les réfugiés de la halle #Pajol. Mal à ma France.
— Pierre Laurent (@plaurent_pcf) 8 Juin 2015
De son côté, le préfet de police de Paris, Bernard Boucault, a affirmé sur BFMTV qu’il n’y avait "pas eu de violences". "Il y a eu de très fortes pressions de la part de personnes qui ont voulu empêcher les policiers de faire leur travail", a-t-il déclaré. "Ce campement posait des problèmes d’ordre public et troublait la vie des gens dans cet arrondissement", a-t-il poursuivi. "Cela ne pouvait pas durer". Le secrétaire d’État aux relations avec le Parlement, Jean-Marie Le Guen a quant à lui assuré sur iTELE que le "gouvernement applique les règles de l’état de droit avec humanité".
Selon Europe 1, les migrants qui s’étaient installés à la halle Pajol affirmaient avoir fait partie du camp installé sous le métro aérien de La Chapelle. Avant l’évacuation du 2 juin plus de 300 personnes y avaient été recensées. Elles devaient être orientées vers des solutions d’hébergement.