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A l’approche des Européennes, le président Hollande dit souhaiter une Europe capable de redonner de la force à l’économie, protéger ses frontières et de s’engager davantage dans la transition énergétique.
François Hollande s’est exprimé jeudi sur sa vision de l’Europe dans une tribune publiée par Le Monde, une manière pour lui de mobiliser l’électorat français en vue des Européennes du 25 mai.
Selon lui, " l’union des citoyens, des économies, et des nations " ont fait de l’Europe " le plus vaste ensemble d’Etats démocratiques et la plus grande économie du monde ". Il regrette ainsi aujourd’hui que cette union soit " menacée ", notamment par ces " forces (qui) cherchent à la défaire en spéculant sur la déception, en misant sur le découragement, en exhumant les peurs ".
Le chef de l’Etat reconnait aussi que l’incompréhension a su gagner l’opinion du fait de l’impuissance de l’Union à endiguer le chômage, et à relancer l’économie avec les outils qu’il faut. " Elle est décalée quand ses injonctions exigent des sacrifices au lieu de renforcer les protections ", concède-t-il.
Les nations, notamment la France, ne devraient pas pour autant " renoncer " ou " abdiquer " au risque de " détruire l’œuvre de trois générations » ou « désavouer ceux qui l’ont façonnée ".
" Il n’est pas interdit de refuser l’Union. Mais dans ce cas, il faut le faire en connaissance de cause, dire ce à quoi on consent, ce vers quoi on retourne ", estime donc François Hollande.
Il tient cependant à rappeler que " la France a besoin de l’Europe, comme l’Europe a besoin de la France ". " A court ou à long terme, tout nous commande de nous unir, le réalisme politique, l’idéal démocratique comme notre propre intérêt ! Nous unir pour peser sur le destin du monde ", souligne-t-il, faisant valoir les enjeux que représente l’affiliation d’un pays à une structure comme l’UE.
Pendant que certains cherchent à " déconstruire l’Europe. Rompre tout ou partie des engagements, déchirer les traités, rétablir les droits de douane et les guérites de la police des frontières ", le dirigeant français soutient que " sortir de l’Europe, c’est sortir de l’Histoire ", tout simplement parce que " l ’Europe est le premier ensemble économique du monde ".
Refusant une " Europe de la dilution ", le chef de l’Etat souhaite opter pour une " Europe de la volonté, celle qui agit là où on l’attend, qui clarifie ses modes de décision, allège ses procédures, avance plus vite avec les pays qui le veulent, se concentre sur les défis à venir ".
Ce modèle-là devra être à même s’insuffler une nouvelle force à l’économie et mettre fin à " l’austérité aveugle ", tout en encadrant la finance " avec la supervision des banques ". Cette version plus dynamique de l’Europe doit aussi pouvoir investir sur de grands projets " grâce à de nouveaux instruments financiers ". " C’est une Europe qui en termine avec la concurrence sociale et fiscale " , articule-t-il.
François Hollande souhaite aussi " une Europe qui protège ses frontières, en préservant la liberté de sedéplacer et en garantissant le respect du droit d’asile " et " une Europe qui engage la transition énergétique ".
La crise ukrainienne doit contraindre les pays européens à adopter de nouvelles approches en matière d’énergies, de manière à " sécuriser nos approvisionnements, maintenir des prix compétitifs et lutter contre le réchauffement climatique ".
Le scrutin du 25 mai sera l’occasion pour la France de " décider du sort de notre continent, de son rôle dans le monde, du modèle de société que nous voulons promouvoir ", fait valoir le président. Lui de conclure : " La France veut plus que le progrès de l’Europe. Elle veut l’Europe du progrès ".