Caroline Belfort, enceinte de 7 mois, a perdu son bébé et a failli perdre la vie quatre jours après la mise en place de la régulation des urgences de Pellegrin (Bordeaux).
La prise en charge de Caroline Belfort a tourné au drame dans un contexte de réorganisation des urgences à Bordeaux. Le 22 juillet, soit quatre jours après la mise en place de la régulation des urgences de Pellegrin, la jeune femme de 22 ans a appelé les pompiers. A noter qu’elle était enceinte de 7 mois et atteinte de la mucoviscidose depuis la naissance. Dans la journée, elle s’est évanouie une trentaine de fois.
A leur arrivée au domicile de ses parents au Haillan, les pompiers ont refusé de la conduire à l’hôpital. "Ils ne m’ont pas écouté. Dans le camion, ils me disaient : ‘Madame, vous avez juste une enflure du coude. C’est peut-être une piqûre de moustique. Vous n’allez pas perdre votre bébé’", a-t-elle raconté, selon Le Figaro.
D’autres erreurs d’appréciation ont conduit au drame. Caroline Belfort a été emmenée au CHU de Bordeaux par sa mère. La jeune femme a demandé à son obstétricien de déclencher son accouchement, car son bébé ne bougeait plus dans son ventre depuis plusieurs heures. Pourtant, le médecin lui a dit que c’était normal que le rythme cardiaque du bébé se fût ralenti à cause de la fièvre. Son coude enflé qui cache en réalité une péritonite septique a par ailleurs provoqué la septicémie. Face à cette situation, elle a été dirigée vers les urgences adultes de Pellegrin, mais ce service a refusé de la recevoir et a dépêché une ambulance pour la conduire à la polyclinique de Bordeaux Nord.
Pendant de longues heures, la jeune femme et sa mère ont attendu une ambulance qui n’était pas venue, car elle a été mal informée de la localisation de la patiente. "J’aurais gagné du temps, au moins quatre heures, si j’avais pu me déplacer moi-même", a-t-elle estimé. Caroline Belfort a fait face à un deuxième refus, car l’urgentiste ne l’a pas prise en charge en disant qu’il ne connaissait pas son dossier et qu’il préférait la renvoyer à Pellegrin où elle est suivie. "Parce que si elle vient à accoucher ici ou à perdre son bébé, je m’en voudrais à vie", a-t-il déclaré.
La patiente n’a été installée dans une chambre et soulagée par une injection qu’à 2 heures du matin alors qu’elle est arrivée à 18 heures au CHU de Bordeaux. De plus, on lui a demandé de patienter jusqu’au lendemain pour être opérée. A 11 heures le lendemain matin, Caroline Belfort a été conduite au bloc alors qu’elle était en danger de mort. Son corps, en proie à une septicémie, décompensait. "A force d’attendre, ils ont été obligés de me demander qui il fallait sauver entre ma fille et le bébé. Ils avaient 15% de chance de sauver Caroline. Je l’ai choisie car elle a une fille de 15 mois", a déploré la mère de Caroline Belfort. Le bébé était en arrêt cardiaque quand il a été sorti du ventre de sa mère et les tentatives de le réanimer sont restées vaines.
La jeune femme a exprimé sa colère après avoir perdu son enfant. Selon elle, sa situation a été prise à la légère, car elle a la mucoviscidose et elle est suivie à Pellegrin depuis qu’elle est toute petite, mais elle n’a pas été écoutée. "Il aurait pu déclencher la césarienne dès jeudi soir, l’enfant était viable. Malheureusement, je ne suis pas la première et je ne serai pas la dernière. Je peux comprendre qu’en période d’été, c’est compliqué de détecter une telle anomalie, mais j’avais fait 30 malaises dans la journée. Si on pouvait prendre plus au sérieux les patients, ce serait bien", a-t-elle renchéri.
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