Eclairage de Lubin Budel, psychosociologue pour expliquer les violences liées à des espaces virtuels. Interview.
Lubin Budel, psychosociologue estime difficile de tout expliquer. Cependant, pour ce qui est du monde virtuel, par rapport à l’affaire de la jeune fille poignardée par son amie pour des propos sur facebook il déclare : “Pour nous qui somme dans la réalité nous avons du mal a imaginer quelqu’un qui agit comme si ce n’était pas la personne mais l’avatar.”
Un monde virtuel dangereux
Selon lui, le virtuel est si dangereux parce qu’il est très facile de passer de la réalité au virtuel mais par contre il est très compliqué après de sortir du virtuel rapidement pour revenir à la réalité. “Parce qu’on est dans un autre monde et il faut y revenir à la réalité.”
Le psychosociologue explique que : “Le problème chez les jeunes souvent c’est qu’il faut un temps qui est assez long, pour savoir qu’ils se sont déconnectés et qu’ils reviennent dans leur monde à eux.”
Il déclare que ce qui attire dans le virtuel c’est la liberté et le sans limite. Il ajoute : “Nous le voyons bien à travers des actes comme celui de dimanche, que c’est quelque chose qu’on ne prévoit pas, qu’on anticipe pas.”
Il y a un passage à l’acte, à partir de là ça veut dire que rapidement les choses se mettent en place dans la pensée et le passage à l’acte suit. “C’est ça le danger parce que l’on est sans modération, on est sans cadrage et à partir de là on est seul avec soi-même.”
Prévenir la solitude
Selon lui dans ce genre de cas ce qui est amplifié c’est la solitude. Le ou la jeune est seul, il n’y a personne à coté pour échanger. Il déclare : “À partir de là dés qu’on est en replie sur soi-même et son imaginaire on peut développer des capacités surprenantes.” C’est à partir de là que l’on est obligé de se demander quand doit-on intervenir justement pour faire en sorte que ces passages à l’acte ne se fassent pas.
Pour prévenir ce passage à l’acte ce qui est important c’est l’entourage, l’environnement du jeune et du moins jeune. Il faut que la famille se saisisse de ces mécanismes d’isolement.
Il explique : “Il faut qu’on regarde le temps que ça dure, de manière peut-être aussi à aller accompagner la sortie de ce virtuel.” Faire cela, non pas dans le jugement, ni dans le questionnement mais plutôt dans la confiance, dans une communication qui soit bien réciproque. De manière que l’un et l’autre puisse échanger à travers ce qu’il vient de vivre sur son écran par exemple.
Des moments en famille
Lubin Budel ajoute : “La société actuelle va très vite, personne n’a le temps. Mais je crois qu’il faudrait instituer dans la famille une sorte de rituel comme il pouvait exister avant où on abandonne un instant son écran, son portable, les autres médias et on est à l’écoute les uns des autres.”
Dans une famille un moment institué peut permettre à chacun de parler un peu de sa vie, de ce qui se joue, de ce qu’il se passe, de son avenir. Et à partir de là dédramatiser un peu ces moments “où l’on ne sait plus trop où l’on est.”
Il estime que cela est valable à toute sorte de situation, comme la tentative de suicide de la jeune fille de 12 ans aujourd’hui. Il explique : “On entend encore parler de solitude, c’est-à-dire cette jeune fille là ne sait plus des fois qu’elle a des personnes autour d’elle, parents, amis, famille qui puissent l’aider. Elle se sent complètement démunie et à partir de là elle ne croit plus en rien.”