Jeudi dernier, Amaury de Saint-Quentin s’est renu à la Plaine des Cafres pour "rappeler l’excellente qualité des produits issus des filières bovines réunionnaises et la position de l’État sur les règles et normes sanitaires en vigueur dans les élevages". Suite à ce déplacement, la député Huguette Bello tient à réagir.
"Monsieur le Préfet,
Monsieur Amaury de Saint-Quentin, Préfet de la Réunion
Votre déplacement jusqu’aux élevages bovins de la Plaine des-Cafres du 5 avril dernier a été largement médiatisé.
Le soutien que vous avez ainsi voulu manifester à une filière économique majeure de la Réunion est évidemment bienvenu, surtout à un moment où éleveurs et consommateurs sont confrontés
à des questions et à des inquiétudes liées à la très forte prévalence de la leucose bovine dans les troupeaux de La Réunion.
Maladie contagieuse des bovins qui donne lieu à une déclaration obligatoire, la leucose bovine fait l’objet, sur l’ensemble du territoire national, d’une prophylaxie collective volontariste, y compris dans les autres régions d’Outre-mer qui, elles non plus, n’exportent pas de bêtes vivantes. Il est d’ailleurs fort probable que la persistance d’une telle dérogation pour la seule Réunion renforce le doute.
Votre déplacement voulait rassurer. Non seulement vous avez affirmé votre certitude, conformément au discours officiel, qu’il n’y avait aucun danger pour j’homme, mais renouant avec l’initiative de l’un de vos prédécesseurs, vous avez, pour le démontrer , participé à une dégustation de viande bovine.
Mais, comme si cette communication par la parole el le geste ne suffisait plus, vous avez cru nécessaire de déclarer qu’une « polémique a été lancée par des ignorants qui agissent par calcul. » Des ignorants-calculateurs seraient donc les responsables des difficultés de la filière bovine ? À moins qu’ils n’en soient les boucs émissaires ...
Permettez-moi, Monsieur le Préfet, de trouver votre déclaration bien rapide. Vous m’ accorderez aisément qu’il serait inconcevable de considérer les éleveurs en souffrance, qui ont parfois tout perdu, comme des ignorants ou des calculateurs. Pas plus, naturellement , que les responsables sanitaires et les vétérinaires qui ne se rallient pas au diagnostic officiel. Pas plus, évidemment, que les scientifiques, qui, après de longues années d’études, établissent désormais la probabilité d’une corrélation entre la leucose bovine et le cancer du sein. Pas plus, vous l’admettrez san doute aussi, que les responsables politiques soucieux d’éviter une nouvelle catastrophe sanitaire.
Préoccupée par celte grave question depuis de nombreuses années, je ne puis vous cacher que votre intervention m’a profondément troublée. Les témoignages que je reçois me montrent qu ’il en est de même pour beaucoup de Réunionnais. Nous vous saurions donc gré de bien vouloir nous fournir les explications qui complèteront ou éclairciront vos propos.
Je vous prie d’agréer, Monsieur le Préfet, mes salutations distinguées".