Madame Visnelda, la guérisseuse de L’Etang-Salé

D’origine malgache, Jeanne-Paule Visnelda est née à Diego Suarez dans une famille bourgeoise et catholique. Orpheline de bonne heure, elle doit subvenir aux besoins de son frère et de ses quatre soeurs. 

Une carrière dans la territoriale

Après des études de sténographie, elle commence sa carrière comme agent de bureau à la mairie de Saint-Louis en 1943. Elle est ensuite affectée à la mairie de l’Etang-Salé où elle gravit les échelons. En 1963, elle réussit le concours de rédacteur, ce qui la fait première femme secrétaire générale de mairie à la Réunion (1967- 1984). Si elle brille dans la fonction publique, la guérison est son vrai art. 

Un "appel divin", un songe aux senteurs de camomille

C’est d’abord en se guérissant elle même que Madame Visnelda a pu dédier sa vie aux soulagements des maux. L’ouvrage, « Merci Madame, je suis guéri » de Michelline Lemaire relate son témoignage : « Un matin, j’ai entendu la voix. J’étais encore endormie mais j’étais sûre qu’on me parlait. On me conseillait de me soigner avec du matrécaire, la camomille-pays, précisait la voix, près de la grille du jardin. La voix m’a encore dit que je pourrais ensuite guérir les autres... je suis allée dans le jardin comme la voix me l’avait indiqué. Au pied de la grille, il y avait effectivement de la camomille. Ce n’était pourtant pas la saison. J’en ai fait une infusion, mes malaises ont disparu ». Elle avait alors la trentaine.

« Merci Madame, je suis guéri » 

En 1952, son don de guérison se révèle. Croyante fervente, elle affiche des positions fermes face au mal et au diable. Munie d’un crucifix, elle pratique des exorcismes et impose les mains pour délivrer des patients d’actes de sorcellerie. C’est gratuitement qu’elle réalise ses séances dans la salle du dancing "Au Flamboyant" à l’Etang-Salé. Sa pratique éclectique rend la frontière ténue entre le religieux et l’occulte. Sa connaissance des plantes et de la divination forge sa légende. 

Sa réputation fait rapidement le tour de la Réunion et lui attire des malades en nombre. Les patients viennent de tout l’océan indien et même de l’Europe pour se faire soigner. Une de ses voisines témoigne : « Elle était connue sur l’Etang-Salé, on disait que c’était une bonne guérisseuse, beaucoup de gens venaient la voir ». Madame Visnelda s’est éteinte le 15 août 1991, le jour de l’Assomption. De nombreux ex-voto tapissent son jardin dans lequel elle avait dédié un oratoire à la vierge Marie. 

Son fils en héritage

Jean-Paul Visnelda, le fils aîné de Madame Visnelda, serait le seul à avoir hérité de ses dons. Témoin privilégié des soins prodigués par sa mère, il a repris le flambeau. Installé en métropole, Jean-Paul Visnelda revient régulièrement à La Réunion pour soigner des malades. Face à la défiance de certains, il affirme : «  Les gens qui ne croient pas aux magnétiseurs ont le droit de ne pas croire, il y a des gens qui ne croient pas aux médecins non plus, pourtant il en faut des médecins. »