Avec la crise, le secteur informel ne cesse de gagner du terrain à Madagascar. A l’heure actuelle, il représenterait 90% des activités économiques de l’île.
En seulement trois ans, 336 000 salariés malgaches ont perdu leur emploi. Pour survivre, la majorité d’entre eux ont choisi de se tourner vers les petits commerces, un secteur encore fortement marqué par l’informel. Et il suffit de faire un bref détour des rues de la capitale pour constater cette réalité.
A longueur de journée, les services d’ordre de la commune guettent constamment les marchands ambulants qui squattent les trottoirs jonchant les lieux à forte affluence. Mais jusqu’ici, ces opérations ne semblent pas avoir dissuadé les marchands ambulants, qui, eux, y voient surtout une forme de répression.
Le même phénomène est constaté un peu partout dans le pays, par exemple à Antsirabe, une ville située à 170km au sud de Tananarive, où sur les dizaines de milliers de commerçants détaillants et grossistes, seuls environ 2 000 sont en règle vis- à-vis des services fiscaux, selon Express de Madagascar.
La Banque mondiale avait déjà reconnu la nette contribution de l’informel dans le maintien du PIB malgache, miné pourtant par une crise sans précédant, et ce, depuis 2009. En seulement 12 mois de crise, le secteur a déjà enregistré une hausse de 13% dans la Grande île, a indiqué l’institution financière en 2010, déduisant que si l’économie du pays a su résister autant à la crise, c’est surtout grâce à l’informel.
Cette irrégularité représenterait 90% de l’ensemble de l’économie locale à l’heure actuelle, selon le quotidien Les Nouvelles, et toucherait tous secteurs confondus. Chez les artisans par exemple, ils seraient près de 70% à opérer dans l’irrégularité.
Dans le secteur hôtelier, l’informel concernerait 82 sur les 280 établissements répertoriés pour la seule région d’Atsinanana (est), notamment à Tamatave où 60% des hôtels en activité sont informels. Saisi par l’ampleur du phénomène, le ministère du Tourisme avait déjà promis de déployer des contrôleurs de normalisation au niveau de chaque hôtel pour identifier les opérateurs en situation irrégulière.
Le secteur aurifère figure également parmi les domaines où l’on remarque le plus d’irrégularités, une situation qui a été fortement encouragée par l’envolée du cours mondial de l’or depuis ces dernières années.
A un moment donné, l’Etat avait déjà interdit la diffusion de toute sorte d’annonces publicitaires relatives au commerce de l’or et a même montré une certaine fermeté dans la chasse aux trafiquants mais les mauvaises habitudes ont vite regagné les principales rues, notamment celles de la capitale où les acheteurs d’or opèrent désormais au vu et au su des autorités.
Pour certains d’entre eux, s’adonner à cette activité rapporte beaucoup plus que de travailler dans les entreprises franches encore en activité. Là-bas, la fin du mois se résume encore pour la plupart des employés à moins de 100 000Ar (34.82€), le seuil minimal fixé par l’Etat.