L’Assemblée nationale devait donner lundi soir son feu vert à la contribution française au "plan d’aide d’urgence" à la Grèce (16,8 milliards d’euros dont 3,9 dès 2010, sur un total de 110) dans un débat où le malaise d’une partie de la gauche voire de voix isolées à droite empêche l’unanimité.
PARIS (AFP) - L’Assemblée nationale devait donner lundi soir son feu vert à la contribution française au "plan d’aide d’urgence" à la Grèce (16,8 milliards d’euros dont 3,9 dès 2010, sur un total de 110) dans un débat où le malaise d’une partie de la gauche voire de voix isolées à droite empêche l’unanimité.
L’aide (en fait un prêt à 5%), qui a pris la forme juridique d’un collectif budgétaire, sera ensuite transmise au Sénat pour une adoption définitive du texte dans la semaine.
La France, comme les autres pays européens et le Fonds monétaire international (FMI), fait valoir qu’elle doit aller vite, pour lutter contre la spéculation des marchés sur la dette grecque. Et qu’il faut aussi que la Grèce puisse honorer l’échéance du remboursement de sa dette le 19 mai.
La contribution de la France représente 20,7% de l’aide de l’Union européenne (80 milliards d’euros, en plus des 30 du FMI). Cette contribution a été multipliée quasiment par trois ce week-end lors de la réunion des ministres de l’économie de la zone euro.
Dans son intervention à l’Assemblée, la ministre de l’Economie, Christine Lagarde, a dit qu’elle serait "extrêmement vigilante" sur l’application des mesures d’austérité prises par le gouvernement grec en contrepartie du plan d’aide (suppression des treizième et quatorzième mois dans la fonction publique, hausse de la taxe à la valeur ajoutée).
Sans surprise, l’UMP soutient sans réserve le gouvernement : "C’est un plan dont l’ampleur va permettre de dissuader les spéculateurs, estime le porte-parole du groupe UMP pour le Budget, Jérôme Chartier. C’est le premier geste d’une politique économique concertée de l’euro-groupe. C’est symbolique".
Fait rare, le Parti socialiste (PS) votera avec le gouvernement et sa majorité : "Je ne soutiens pas le gouvernement, je soutiens la Grèce et je soutiens l’euro. Nous ne sommes pas là dans un débat droite-gauche, nous sommes là dans un débat européen et un débat de principe", a expliqué l’ex-premier secrétaire du PS François Hollande.
Le porte-parole du PS, Benoît Hamon (qui n’est pas député), a toutefois déclaré que son parti votait "l’aide à la Grèce mais pas le plan d’austérité" imposé aux Grecs.
Le président PS de la commission des Finances, Jérôme Cahuzac, a aussi posé la question d’un taux de 5% : "On pense qu’entre punir un pays et l’aider, il faut choisir (...). Je crois que nous devons assumer cette aide et donc, madame la Ministre, voir avec vos collègues s’il n’est pas possible de prêter à la Grèce dans des conditions les meilleures qui soient".
Pour leur part, la vingtaine de députés communistes et Front de Gauche voteront contre le plan d’aide "parce qu’il vient à l’aide des créanciers qui ont mis la Grèce dans une situation épouvantable en lui consentant des prêts à des taux élevés" (Jean-Pierre Brard).
A droite, le souverainiste Nicolas Dupont-Aignan (ex-UMP) a aussi annoncé qu’il voterait "contre ce faux plan de sauvetage qui a tout d’un plan de sabordage" : "l’euro lui-même ne sera pas sauvé, au risque d’entraîner dans son naufrage la construction européenne".