Les larves de guêpes, peu ragoutant à la vue, font partie de la tradition culinaire réunionnais. Ce mets est de plus en plus apprécié autant par les Réunionnais que par les touristes de passage.
En cette période de l’année, les guêpes sont de sortie pour le plus grand bonheur des amateurs de ces larves, qui font partie du patrimoine culinaire réunionnais. Jean-Paul Hoarau est un "rodeur guêpe".
Depuis le début de la saison, il se met en chasse durant son temps libre. Mais lorsqu’il peut se faire accompagner, c’est encore mieux : pour repérer les nids, plus on a des yeux concentrés sur le paysage, plus on a de chances d’optimiser la récolte.
Après deux heures de quête matinale, il a pu décrocher que quelques nids. Mais pour Jean-Paul Hoarau, c’est avant tout une passion. "Il y a plus de rodeurs de guêpe que de guêpes. Certains font ça pour les sous, à 150 euros le kilo, ça vaut le coup. Mais moi c’est par passion, parce que c’est bon, surtout".
La larve est un caviar qui se vend à prix d’or, alors la concurrence est rude entre rodeurs et vendeurs. Courir après l’insecte est une activité risquée, mais le jeu en vaut la chandelle. Pendant les mois de février et mars, le rond-point du Gol à Saint-Louis est un lieu privilégié pour les transactions.
Il n’y a pas de prix affiché car le filet de nids est l’objet d’âpres négociations. Après de longues discussions, un acheteur obtient son filet de nids à 60 euros, un prix en dessous de celui du marché, selon le vendeur. Une journée de travail peut lui rapporter environ 200 euros.
Un marché lucratif qui attire bon nombre de rodeurs alors que les donneurs se font de plus en plus rares car il connaissent la valeur des nids qui se trouve à domicile. Les amateurs des vertus gustatives de la guêpe se font de plus en plus nombreux. "Il y a beaucoup de vitamines dans une larve", affirme un mangeur.
Désormais, métropolitains et touristes de passage sont loin de faire la grimace devant ces larves cuisinées. Jean-Paul Hoarau a voulu faire partager sa récolte avec sa belle-famille, en vacances sur l’île. Frit ou en carri, la découverte remporte un franc succès. Jean-Paul Hoarau est "fier de partager cette tradition" et sourit aux compliments de ses convives.
La guêpe continuera ainsi à ravir les papilles des amateurs jusqu’à Pâques, il faudra ensuite lui dire "à l’année prochaine".