L’ancien président du Comité régional Sport pour tous a été jugé pour plusieurs délits le jeudi 30 mars 2023 au tribunal de Saint-Pierre, dans une salle presque vide. Le verdict est tombé ce jeudi 4 mai en présence de l’avocat de la famille, il est condamné à 2 ans de prison ferme.
Accusé de travail dissimulé, abus de confiance, fausses déclarations, menaces de mort et non-désignation de commissaire aux comptes à La Réunion et à Mayotte du 1er mars 2014 au 13 février 2018, Frédérique Cliquet a été jugé après cinq années d’enquête.
Les faits remontent à 2014, année où l’homme de 64 ans avait été nommé président du Comité régional Sport pour tous de La Réunion, président du Comité régional Sport pour tous de Mayotte, ainsi que celui d’une association qu’il avait créée : Réunisport. Après de nombreux dysfonctionnements dénoncés par la Fédération Sports pour tous, signalant des infractions à répétition, un rapport a été établi en avril 2018, indiquant des éléments de fraudes dans la gestion de ses associations et dénonçant une gestion financière détournée. De nombreux faits sont répertoriés comme de faux contrats de travail, des salaires non payés, des menaces de mort, des pressions, des démissions, du harcèlement, des propos insultants et du dénigrement du travail.
Des salariés sans déclaration à l’embauche
À Mayotte, plus de 79 personnes ont travaillé sans déclaration à l’embauche, et les salaires étaient payés via de fausses déclarations, présentées comme des frais. Même si le prévenu a tenté de se défendre en affirmant que certaines victimes étaient des prestataires extérieurs, selon l’URSSAF, il doit plus de 300 000 euros pour travail dissimulé. "Tout ce que vous faites est hors la loi", s’insurge le Procureur durant le procès. Jessica Cliquet, la fille du prévenu, ainsi que sa femme Diana Cliquet, sont également accusées d’avoir fait de fausses déclarations afin d’obtenir une allocation auprès du pôle emploi entre le 17 janvier 2015 et le 1er octobre 2017.
Pour que la vie du Sport pour Tous à la Réunion retrouve une vie normale
Au tribunal, aucune partie civile ne s’est présentée, mis à part le trésorier de la Fédération Sport pour Tous venu d’Île-de-France pour que justice soit faite. "Nous avons une vingtaine de clubs, ce qui représente 1000 licenciés sur l’île. Nous attendons la fin de cette histoire pour recréer un Comité Sports pour Tous qui sera surveillé sous tutelle de la Fédération...Beaucoup de parties civiles ne sont pas là aujourd’hui, car ils avaient vraiment peur de Monsieur Cliquet", nous expose le trésorier de la Fédération.
Le procureur a requis une peine de 4 ans de prison, dont 2 ans avec sursis, ainsi qu’une obligation de suivre des soins psychologiques à Frédérique Cliquet. À cela s’ajoute une interdiction définitive de gérer et présider une association culturelle ou sportive pendant 10 ans. Il devra également régler une amende de 20 000 euros et les sommes saisies, soit 94 000 euros, lui seront confisquées. Aussi, il devra verser 1 euro à la Fédération Sport pour Tous. Le juge de l’application des peines veillera à la bonne exécution de la peine encourue.
La fille de Frédérique Cliquet a quant à elle été condamnée à 6 mois de prison avec sursis et se voit interdire d’être présidente d’une association pendant 3 ans. Elle est également interdite de gérer une association culturelle ou sportive pendant 10 ans.
La femme de Frédérique Cliquet a pour sa part écopé d’une peine de 12 mois de prison avec sursis et lui est interdit de présider ou de mandater une association culturelle ou sportive pendant 10 ans.
Leur avocat, Maître Pressecq, envisage sérieusement de faire appel sur ces points et estime que les décisions n’ont pas de sens. « Tous les trois ont été condamnés à une mort sociale », déplore-t-il.
Fanny Dard