Comment se relever après la perte de son bébé ? le deuil périnatal où des parents ont du mal à s’en remettre. Anne Gaëlle Marie Marthe témoigne.
Anne-Gaëlle Marie Marthe, mère de famille, est tombée pour la première fois enceinte à 21 ans. Elle fait une première fausse couche puis elle retentera à plusieurs reprises d’avoir un enfant et elle enchaîne plusieurs fausses couches.
Les médecins lui répondent alors : "que c’est normal. Que ça arrive. La loi de la nature. Etant jeune, on fait confiance ; on ne sait pas trop on écoute. On essaye d’être patient. On accuse le cou. On a pas le choix de toute façon. On subit ; c’est difficile mais on tient le coup avec mon chéri."
En 2010 elle tombe à nouveau enceinte et pour la première fois elle vit une grossesse normale.
Mais tout bascule lors d’une consultation avec le gynécologue. Le praticien commence alors l’examen, et Anne Gaëlle sent que quelque chose ne va pas . "Il ne dit rien mais en même temps il dit tout. Donc il éteint son écran et il dit il y a quelque chose qui ne va pas. Tant qu’on nous le dit pas, on reste là et on accuse le coup. En même temps on veut l’entendre et on ne veut pas l’entendre. Et il me dit : c’est fini ; il n’y a pas de coeur qui bat. Et votre monde s’effondre"
Dans cette salle chez le médecin, elle y restait près de 2 heures, refusant d’en sortir.
"Comme si on sortait c’était comme si c’était la fin réellement. On s’accroche à un miracle. On s’accroche en disant on ne veut pas y croire. "
Une semaine plus tard, elle accouche de Mathis, un bébé mort né ; elle refuse de le voir même si les médecins lui proposent. "Pour moi si je ne le voyais pas c’est comme s’il n’y avait pas de fin. J’ai fait un accouchement normal, voie basse. C’est pareil ; quand on me dit de pousser je ne voulais pas. Parce que c’est pousser vers la fin et on ne veut pas qu’il y ait cette fin.
Elle a encore aujourd’hui des regrets de ne pas l’avoir vu. parce que quand "j’entends d’autres témoignages avec les années on arrive à en parler. On essaye de passer à autre chose. Quand j’entends des témoignages de mamans qui ont pu accompagner leur enfant ; des témoignages de mamans qui malgré tout ont accouché d’un enfant mort né on pu le voir et le serrer une fois. Ca aurait peut-être marqué une fin. Je ne sais pas. "
Après cet évènement, les mois suivants Anne-Gaëlle ne les a pas vécus, elle a "survécu". "On mange on boit parce qu’il faut vivre. C’est une période de ma vie où je n’ai pas de souvenirs parce que de toute façon il n’y avait pas de bonheur à ce moment-là. J’étais dans ce deuil. "
Quelques mois plus tard, Anne-Gaëlle tombe à nouveau enceinte. Elle ne souhaite pas garder l’enfant ; un gynécologue va lui en dissuader. "Il me dit : vous l’aurez celui-là. Du moins je ferai tout pour que vous l’ayez ce bébé. j’ai accepté de le faire confiance et de le suivre dans une batterie d’examens. On vivait à l’époque à Saint-Leu , on devait monter au CHU en médecine interne. 1 fois par semaine, je vais au CHU. Je m’accroche à eux ; c’est ma corde.
9 mois plus tard elle accouche alors de Maël son fils. Le bébé bonheur. Puis plus tard, elle aura ensuite une fille.
Elle dit ne pas s’être relevée totalement du drame qu’elle a vécu. "Il va rester ces cicatrices ; malgré tout j’aime en parler aujourd’hui parce que je pense que les femmes en ont besoin d’entendre qu’au bout du tunnel il y a toujours une lumière, qu’il faut toujours s’accrocher. Qu’il y a toujours espoir et même si j’ai un petit coup de coeur pour ma sœur qui n’a pas d’enfant elle fait partie intégrante de la vie de mes enfants. Et je lui donne cette place ; elle n’a pas d’enfant et elle en a besoin. "