Alors que les requins effraient d’habitude, ils sont l’attraction des touristes sur l’archipel des Palaos. Ces derniers y viennent expressément pour nager aux côtés des squales.
En 2009, l’archipel en Micronésie avait créé le premier sanctuaire pour requins au monde, une initiative destinée à protéger l’environnement qui a connu un succès tel que les autorités veulent à présent bannir totalement la pêche commerciale dans leurs eaux territoriales d’ici 2018.
Située dans le Pacifique nord à 800 km à l’est des Philippines, la future réserve marine, quasi grande comme la France, a vocation à devenir le plus grand sanctuaire marin au monde d’un seul tenant, un titre déjà revendiqué cependant par les îles Cook. Pour l’architecte du projet, le président des Palaos Tommy Remengesau, l’océan a besoin de ‘’guérir’’ après des années de pêche industrielle qui ont vu les stocks de certaines espèces comme le thon rouge s’effondrer.
Les Etats insulaires du Pacifique, qui doivent également affronter les conséquences du changement climatique, sont ‘’la conscience de la planète’’ en matière environnementale et doivent donner l’exemple en raison de leurs liens avec la mer, estime le chef de l’Etat. ‘’L’océan, c’est notre mode de vie’’, dit-il. ‘’Il nous protège et nous nourrit, il nous fournit nos références culturelles, notre identité même’’.
Il y a tout juste 10 ans, des dizaines de bateaux à requins, comme on les appelait alors, mouillaient régulièrement l’ancre à Koror, avec à leur bord, en train de sécher, des ailerons de squales destinés à devenir l’ingrédient principal des soupes dont l’Asie raffole. Aux plus belles heures de ce commerce, environ 73 millions de requins étaient amputés de leur aileron et rejetés à la mer pour y mourir, d’après les estimations.
‘’La nature et les requins sont la raison pour lesquelles je suis venue ici’’, affirme une touriste australienne. ‘’Tout le monde sait que c’est calme et paisible mais l’attrait principal, c’est les requins, pouvoir les voir dans leur environnement naturel’’.
Le président de l’archipel considère lui que la création du sanctuaire a commencé à transformer l’image du squale dans le monde, vu un peu plus comme un précieux maillon de l’écosystème et un peu moins comme un dangereux prédateur.
Selon l’ONG Pew Environment Group, un tiers des Etats ont suivi l’exemple des Palaos en interdisant la pêche à l’aileron de requin. En Chine même, la demande a baissé : la fameuse spécialité, jadis parmi les mets les plus prisés, a été bannie des banquets officiels tandis que des personnalités sont montées au créneau pour en dénoncer la consommation.
’’Nous estimons qu’un requin vivant vaut mille fois plus qu’un requin mort’’, fait valoir Tommy Remengesau. Il cite une étude de 2011 selon laquelle un requin des récifs peut rapporter sur dix ans près de 2 millions de dollars de revenus touristiques.
Si le nombre de touristes a augmenté depuis la création du sanctuaire, aucune attaque contre des plongeurs n’a été signalée.