Selon les autorités françaises, le narcotrafic emploie plus de 200 000 personnes sur le territoire français.
Durant ces dix dernières années, la gendarmerie nationale a pu constater la grande expansion du narcotrafic en zone rurale. Entre 2012 et 2022, la hausse est vertigineuse : 67%.
Après six mois d’investigations, la commission d’enquête du Sénat sur le narcotrafic en France a rendu son rapport mardi matin, dressant un portrait alarmant de l’emprise du trafic de drogue sur le territoire national.
La commission d’enquête du Sénat dévoile une série de propositions "globales et ambitieuses" pour démanteler les réseaux et sortir le pays de l’emprise de la drogue.
Au cours des six mois d’auditions, les sénateurs ont recueilli de nombreux témoignages alarmants sur le rôle de la corruption dans l’explosion du trafic de drogue. Magistrats, policiers, gendarmes, élus et ministres ont tous convergé vers le même constat. La corruption permet aux trafiquants de prospérer et bloque la lutte contre ce business mafieux.
Stéphanie Cherbonnier, cheffe de l’Office anti-stupéfiants, avait déjà donné l’alerte en novembre 2023. "Aucune profession n’est épargnée : dès lors que les trafiquants offrent des sommes extrêmement élevées, certains personnels peuvent céder, à un moment donné, à l’appel de ces sirènes criminelles".
Le procureur de la République à Marseille avait déjà aussi constaté le rôle néfaste de la corruption. "Chaque personne a un prix et les moyens de ces réseaux sont quasiment illimités. Oui, on constate une augmentation de la corruption", avait constaté Nicolas Bessone.
La Canebière est submergée par le narcotrafic, la guerre des gangs y fait rage faisant 49 victimes en 2023. Lors de son audition devant la Commission, Isabelle Couderc, vice-présidente du tribunal chargée de la coordination de la section "JIRS Criminalité organisée" a fait part de son inquiétude. "Je crains que nous ne soyons en train de perdre la guerre contre les trafiquants à Marseille", avait-elle déploré. Une déclaration qui a déplu au Ministre de la Justice. "J’ai dit que lorsque l’on exprimait l’idée qu’une guerre était perdue, on la perdait. Oui, c’est une réalité", a rétorqué Eric Dupont-Moretti.