Celui qui a longtemps partagé sa carrière entre le théâtre et le cinéma, laissera surtout derrière lui, « une gueule » et une voix. Laurent Terzieff aura tourné sous la direction de quelques uns des plus grands auteurs du grand écran : Pasolini, Godard, Claude Berrie...
Né le 27 juin 1935 à Toulouse (Haute-Garonne), d’une mère céramiste et d’un père sculpteur d’origine russe, Laurent Terzieff, de son vrai nom Laurent Tchemerzine, s’était consacré au théatre après avoir vu, adolescent, « La Sonate des spectres » de Strindberg, mise en scène par Roger Blin, dont il sera le fils spirituel. Il apprend le métier « sur le tas » comme machiniste, souffleur, figurant, doublure, avant de débuter en 1952, grâce à Jean-Marie Serreau, autre mentor, dans « Tous contre tous » d’Adamov.
Au cinéma, il est révélé en 1958 par le film de Marcel Carné, « Tricheurs ». Il enchaîne ensuite les rôles chez Autant-Lara (« Les Régates de San Francisco », « Le Bois des amants », « Tu ne tueras point »), Clouzot (« La Prisonnière »), Rosselini (« Vanina Vanini »), Godard (« Détective) , Luis Bunuel (« La Voie lactée »), ou encore Philippe Garel (« Les hautes solitudes »). En 2005, il tourne dans « Mon Petit doigt m’a dit » de pascal Thomas. Trois ans plus tard, il était à l’affiche de « J’ai toujours rêvé d’être un gangster » avec Anna Mouglalis et Edouard Baer.
Les hommages du monde de la culture et de la politique sont unanimes après l’annonce de la disparition de l’acteur et metteur en scène Laurent Terzieff.
« Laurent Terzieff, c’était le talent à l’état pur, la force de l’interprétation, l’artiste passionné, exigeant, travailleur infatigable et inspiré », a expliqué le ministre de la Culture, Frédéric Mitterrand, dans un communiqué. « Son physique, tout en force et en fragilité, sa voix, cette capacité à aller au-delà du possible, nous touchent au plus profond. »
Le maire de Paris, Bertrand Delanoë, a salué un « immense comédien et metteur en scène » mais aussi « l’homme engagé ».
« C’était un honnête homme au sens le plus élevé du terme »
Pour le Premier ministre François Fillon, Laurent Terzieff était « un intellectuel, un homme qui aimait et défendait la liberté, un fils d’artistes, lui-même passionné de poésie et de philosophie. Comme tous les vrais grands artistes c’était un homme discret au charme contagieux. C’était un honnête homme au sens le plus élevé du terme ».
« Son respect des auteurs, des textes, de la langue française qu’il avait épousée avec passion, sa recherche constante de la vérité des êtres et des choses, lui a fait tracer une route singulière, exigeante, et l’a tenu toujours éloigné des postures et des impostures », a pour sa part évoqué Nicolas Sarkozy.