Une longue et sombre lettre de 60 pages écrite par les évêques a été publiée jeudi. À l’approche de l’élection présidentielle de 2017, les hommes de l’Église livrent un constat sévère de la classe politique.
À quelques mois de l’élection présidentielle de 2017, les évêques pointent plusieurs problèmes non réglés entre les identités fragilisées, une intégration en panne, une éducation en crise ou encore laïcité sous tension. Intitulée "Dans un monde qui change, retrouver le sens du politique", la lettre écrite par dix membres du conseil permanent de la Conférence des évêques (CEF) appelle à un constat "lucide" sur l’état der la France à l’approche du scrutin. "Si nous parlons aujourd’hui, c’est parce que nous aimons notre pays et que nous sommes préoccupés par sa situation". C’est par cette phrase que les évêques débutent ce document d’une soixantaine de pages rendue publique ce jeudi et coéditée par trois maisons (Bayard, Cerf, Mame).
Par cette lettre, les évêques veulent "fournir des éléments de réflexion etde pointer dix exigences", a confié Mgr Georges Pontier, président de la CEF et archevêque de Marseille. Alors que trois mille exemplaires ont été envoyés aux élus, partis, syndicats et autres interlocuteurs, selon le porte-parole des évêques, le document s’attaque avant tout à la classe politique. "L’attitude et l’image de quelques-uns jettent le discrédit sur l’ensemble de ceux qui vivent l’engagement politique comme un service de leur pays", "la parole a trop souvent été pervertie, utilisée, disqualifiée", ont-ils écrit. Dans la société, "la contestation est devenue le mode de fonctionnement habituel, et la culture de l’affrontement semble prendre le pas sur celle du dialogue", regrettent les évêques, égratignant "réseaux sociaux et médias, surtout audiovisuels". Selon eux, "on ne peut sans cesse jouer sur la com’ et l’audience".
En ce qui concerne les problèmes de la société, les évêques constatent que le "contrat social" doit être "renoué". Les personnes d’origine étrangère "n’arrivent pas à trouver leur place", quand "les valeurs républicaines de liberté, égalité, fraternité, souvent brandies de manière incantatoire, semblent sonner creux pour beaucoup de nos contemporains", ont-ils fait savoir sur les propos relayés par le Parisien. Les membres du conseil permanent de la CEF ont appelé à pousser la réflexion à propos des jeunes tentés par le djihad armé en s’interrogeant sur notre système éducatif. "Sans minimiser en aucune façon leur responsabilité ni celle des commanditaires qui ont manipulé leur destin, il convient de se demander pourquoi l’intégration n’a pu s’opérer, et comment notre société a laissé une partie de sa jeunesse se perdre dans de telles aventures mortifères et meurtrières", ont-ils mentionné.
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