Les Bleus l’ont promis hier soir, les langues vont se délier cette semaine. Chacun va donner sa version du naufrage de l’équipe. Florent Malouda commence de façon plutôt soft en évoquant le malaise déjà présent chez les Bleus avant le match.
Avez-vous eu le sentiment que l’exploit était possible ?
On savait que ce serait compliqué, qu’ils allaient pousser car ils avaient encore l’espoir de se qualifier. On se créé la première occasion par Gignac et eux sur leur première opportunité, ils marquent... Ensuite, il y a ce rouge et on se dit que ce sera très compliqué. C’est comme ça, peut-être qu’on ne méritait pas mieux. On s’était dit avant de venir qu’il faudrait être costaud comme jamais pour les battre ici en Afrique du Sud, qu’on devait être fort pendant le match entier. On savait qu’on avait plein de choses à se faire pardonner. Après, est-ce que c’était possible ou pas, je pense que oui mais au final, on récolte ce qu’on a semé.
Avez-vous des regrets par rapport à ce qui s’est passé ces 3 derniers jours ?
Les gens nous parlent de la manière avec laquelle on a manifesté, ils nous tapent dessus à juste titre, mais même avant, on s’est mis dans une telle situation... Peut-être qu’on s’est rendu compte lors de ce match qu’on était en dessous de ce qu’on devait faire et c’est peut-être aussi pour ça qu’on a réagi comme ça. Honnêtement, il n’y pas de mauvaises personnes, je n’ai pas ressenti de joueurs avec de mauvaises intentions, on n’a pas recherché un traitre, les raisons sont ailleurs. On voulait faire des choses bien, on n’a pas réussi, il y a eu une mauvaise gestion de la pression extérieure, ce qui fait qu’à un moment donné, ça a été trop.
Etait-ce un problème physique ou psychologique ?
Non, physiquement on était prêts, on a fait les efforts peut-être à contresens mais on les a faits, la preuve on a joué à dix contre onze. Mais on failli psychologiquement. Après beaucoup de choses n’ont pas été, mais je ne veux accuser personne car ce serait quelque part se défausser de ses responsabilités. Il faut analyser ce qu’on a mal fait individuellement. Ce que je regrette le plus, ce n’est pas le bilan sportif car ça peut arriver de se faire éliminer si tôt, c’est l’image qu’on laisse aux gens. On a vécu refermés sur nous-mêmes et quelque part, on a perdu conscience de l’image qu’on revoyait.
Pourquoi avoir refusé de vous entrainer ?
C’était une décision collective, il faut assumer. Mais je ne vous cache pas que j’étais pour, même si je n’étais pas un meneur et que je n’ai incité personne et d’ailleurs Nico (Anelka) était présent. J’assume, je ne suis pas fier, on ne voulait pas blesser les gens, ni salir le maillot. C’est peut-être la limite du système. (Cette exclusion) c’était dur à accepter parce que je me suis dit que ça aurait très bien pu être moi. On avait la sensation qu’avec cette exclusion, c’était dire que c’était de sa faute, ça déplaçait la responsabilité de l’échec sur Nico. Ce problème aurait pu être géré autrement. Ce qui a été écrit n’est pas ce qu’il a dit. Ce n’est pas un voyou, même si on sait que les gens avaient envie de lui tomber dessus. On perd ensemble, alors quand on le voit tout prendre sur la gueule, on réagit... Lundi, Pat (Evra) voulait venir s’excuser (Domenech aurait refusé qu’il vienne en conférence de presse, ndlr).
La situation était-elle tendue entre les joueurs ?
Entre joueurs, l’ambiance ne s’est pas dégradée, on était repliés sur nous-mêmes. Ce ne sont pas des mauvais mecs, ce sont des choses qui arrivent aussi en club. Et puis, pour ma part, je n’ai peut-être pas évolué au niveau que je souhaitais, je n’ai peut-être pas répondu aux attentes. Si on avait réussi à enclencher une spirale positive, cela aurait permis d’arrondir les angles. Quand on gagne, on est solidaires, on dit que les joueurs peuvent partir ensemble en vacances et quand on perd, il y a des tensions.
Souhaitez-vous poursuivre l’aventure avec l’équipe de France ?
Bien sûr que je continue. J’assume ce que j’ai fait, mais on a aussi une responsabilité pour ce qui va arriver après. Je dois comprendre pourquoi ça se passe aussi bien en club et pas en sélection. Après, c’est normal de se poser des questions. Et même s’il y aura un nouvel entraineur, il faudra savoir ce qui n’a pas été pour reconstruire. Ça va se gérer en interne, il faudra beaucoup discuter avec le prochain coach.
(Sport.fr)