Hier, trois joueurs de l’équipe de France ont souhaité apporter leurs explications quant à la débâcle des Bleus en Coupe du Monde. Après le capitaine Patrice Evra, Thierry Henry a livré ses sentiments sur Canal + en expliquant qu’il s’est senti "écarté". Et enfin, Eric Abidal a pris la parole en direct du 20h00 de TF1.
Tout juste rentrés d’Afrique du Sud, Patrice Evra, Thierry Henry et Eric Abidal se sont exprimés à la télévision. Une tentative de réhabilitation plus qu’autre chose, et aucune véritable explication sur le fiasco Bleu. Le grand déballage était attendu, il n’en a rien été. Henry, Evra puis Abidal ont tour à tour loué « l’unité » et la « solidarité » des Bleus.
Le capitaine des Bleus s’est exprimé hier sur TF1 dans une interview enregistrée : « Personne n’est assez lucide pour dire ce qu’il s’est vraiment passé. (...) Il faut relever la tête et regarder l’avenir. (...) Le groupe est resté uni jusqu’au bout, personne n’a souhaité descendre du bus lors du boycott de l’entraînement. (...) Une enquête sera ouverte par le Ministère (sic) et tous les joueurs seront entendus".
Patrice Evra a ensuite présenté de nouveau des excuses auprès des Français, il explique avoir reçu l’interdiction de s’adresser à la presse lundi 21 juin, au lendemain de la grève : "Le coach m’a interdit de me présenter devant la presse pour présenter les excuses de l’équipe de France aux Français. C’est la première fois de ma vie que j’ai été interdit de ma liberté d’expression. Je devais me présenter pour faire mes excuses sur un geste maladroit. Avoir subi cette interdiction, cela dépassait tout. Cela a fait beaucoup de mal, que ce soit à moi ou au groupe. C’était primordial de venir. Je venais pour des excuses, pour l’ensemble du groupe. Il y a eu une incompréhension totale pour ce geste ». Il a également tenu à remettre en question la décision du staff qui avait coupé les Bleus du reste du monde : « La presse fait partie du jeu. Si chaque jour, tu empêches les joueurs d’y aller, tu laisses aux gens le pouvoir de dire des méchancetés sur ton cas. Il y a eu un titre qui a fait mal à tout le monde, mais est-ce que ce n’est pas une explication après tout ce que l’on a refusé de donner à la presse ? » « Une enquête va être ouverte par le ministère et tous les joueurs seront entendus », a-t-il également annoncé.
Sur le plateau de TF1, Bixente Lizarazu a e estimé que l’intervention de Patrice Evra était « très décevante, sans aucun véritable argument pour expliquer le fiasco de l’équipe de France ».
Après Patrice Evra, Thierry Henry a livré ses explications. Principal enseignement : l’ex-capitaine des Bleus s’est senti écarté et n’a pas joué de rôle majeur dans ce fiasco. « J’aurais pu être le grand frère, mais je ne l’étais plus. Je me suis senti écarté. On ne me parlait plus comme avant. Avant, on me parlait plus, j’étais sur le devant de la scène. A un moment, quand tu n’as plus de crédibilité dans un groupe, ça devient difficile ». L’attaquant des Bleus est également revenu sur les relations entre les différentes générations : « Quand je jouais à Monaco, même après mon titre de champion du monde, je ramassais les ballons, je portais les sacs. Limite maintenant, c’est moi qui les porte... ». Il a également réfuté l’hypothèse selon laquelle Domenech n’avait plus aucune prise sur son groupe : « Il y a un coach qui est en place. Il était là. Il dirigeait. Après, qu’une personne soit ou ne soit pas d’accord avec lui... Il faut respecter ses décisions ». Henry a tenu à réagir aux propos de Roselyne Bachelot, qui avait parlé de caïds à l’Assemblée : « Qu’on arrête avec ce mot ! Personnellement, je n’ai pas vu de caïd, pas d’altercation, pas de bagarre. Je n’ai rien vu de tout ça ».
En ce qui concerne l’affaire Anelka, qui a fait exploser le groupe, Henry « ne sait pas si ses propos ont été l’élément déclencheur. Il y avait certainement un malaise. Est-ce qu’on peut parler de clan ? Je ne pense pas. Il y a toujours des affinités dans un groupe. Mais ça rigolait beaucoup. Tout le monde changeait de table ». Il a également réfuté que Gourcuff soit le mal aimé : « Non ! Après, je n’ai pas tout vu. Mais je peux vous dire que je n’ai pas vu de bagarre. Je n’ai vu personne mettre de pression à qui que ce soit. Les décisions étaient des décisions de groupe, comme ça se fait dans la vie d’une groupe. C’est le groupe qui a décidé de faire grève. Sur le moment, il y avait unanimité. Personne n’a mis de pression à qui que ce soit. Avec le recul, c’était une erreur ».
Enfin, Eric Abidal s’est exprimé en direct de Barcelone sur TF1. A propos de la grève des joueurs, il explique : "on était mécontents. (...) Le groupe avait pris une décision et personne n’a été forcé de rester dans le bus. Le groupe a été solidaire. Je ne sais pas vraiment s’il faut avoir des regrets. On a certainement déçu beaucoup de Français. Mais le mot qu’il faut retenir, c’est la solidarité. Je n’ai pas ressenti de tension dans le groupe. Les joueurs ont simplement exprimé leur mécontentement. Le résultat est décevant pour tout le monde, et surtout pour les joueurs. On n’a pas donné le bon exemple. Sur ce point là, on peut être fautifs. Les journalistes ont dit des choses qui ont affecté le groupe. C’est malheureux pour tout le monde et pour moi avant tout. (...) Les 23 joueurs qui représentaient la France ont vraiment de l’amour pour leur maillot et pour leur pays ».