La satisfaction et les scènes de joie ont suivi l’annonce de la mort du chef d’Al-Qaida, Oussama Ben Laden, tué dimanche au Pakistan par les services spéciaux américains. Mais en parallèle, plusieurs interrogations et zones d’ombre sont apparues.
Les experts du monde entier se demandent en premier lieu pourquoi les Américains ont tué Oussama Ben Laden au lieu de le capturer. Et pour cause, les forces spéciales américaines n’ont "pas fait de prisonnier" lors de l’opération qui a vu la mort de Ben Laden et de cinq membres de son clan.
Face aux critiques qui fusaient hier, concernant le mode opératoire des forces américaines, la Maison Blanche a assuré que le commando était prêt à capturer Oussama Ben Laden vivant. Or, des responsables américains ont assuré que les militaires américains avaient ordre de le tuer.
Une analyse d’ADN a permis de confirmer "pratiquement à cent pour cent" la mort d’Oussama Ben Laden, ainsi que l’ont annoncé plusieurs hauts responsables américains, sans donner plus de détails sur les tests effectués.
L’immersion du corps d’Ousama Ben Laden en mer alimente aussi la polémique. La Maison Blanche justifie cet acte en expliquant ses craintes qu’une sépulture du chef d’Al-Qaida ne devienne un lieu de pèlerinage ou un lieu de recrutement. Le motif évoqué ne tient pas vraiment la route, du fait surtout de la rapidité avec laquelle le corps a été liquidé.
Hier, la Grande Mosquée de Paris et l’institut sunnite al-Azhar, au Caire, ont immédiatement dénoncé un non-respect des rites musulmans qui veulent que le corps soit enterré dans la direction de la Mecque.
Les Etats-Unis rejettent ces vives critiques et assurent avoir respecté la tradition qui veut qu’une cérémonie funéraire ait lieu dans les vingt-quatre heures qui suivent la mort.
Pour sa part, le Premier ministre François Fillon a estimé que « justice avait été rendue aux victimes du 11 septembre et à toutes celles » de Ben Laden. Mais, comme Alain Juppé, il a déclaré que la mort du chef d’Al Qaïda ne changeait pas la politique de la France en Afghanistan.
Environ 4000 militaires français combattent en Afghanistan contre les talibans et 56 sont décédés depuis le début de l’intervention en 2001. « Aujourd’hui nous n’avons pas atteint tous les objectifs que nous nous étions fixé, il y a encore un long chemin à faire », a expliqué François Fillon ce lundi.
« La mort d’Oussama Ben Laden, elle viendra je l’espère renforcer ces efforts de la communauté internationale, mais ce n’est pas en soi un aboutissement ». Les pays de la coalition se sont engagés à se retirer progressivement d’Afghanistan d’ici 2014.
Source : Le Monde, Libération, Paris Match