Le débat sur la laïcité crée des remous. Catholiques, protestants, orthodoxes, musulmans, juifs et bouddhistes s’y opposent. Les six confessions religieuses présentes en France ont publié aujourd’hui une tribune dénonçant la tenue de ce débat politique prévu le 5 avril prochain, à l’initiative de l’UMP.
L’UMP s’attire la colère des chefs religieux en France pour avoir convoqué un débat sur la laïcité. "Le débat est toujours signe de santé et de vitalité. (...) Mais un parti politique, fût-il majoritaire, est-il la bonne instance pour le conduire seul ?", s’interrogent dans un communiqué conjoint Monseigneur André Vingt-Trois (catholique), Pasteur Claude Baty (protestant), Métropolite Emmanuel (orthodoxe), Imam Mohammed Moussaoui (musulman), Grand Rabbin Gilles Bernheim (juif), et Révérend Olivier Wang-Genh (bouddhiste).
En d’autres termes, les dignitaires religieux remettent en cause la tenue d’un tel débat, estimant que l’UMP s’aventure sur un terrain miné. Qui plus est, le parti majoritaire ne devrait pas se poser en " seul maître à bord " dans la conduite des discussions autour de ce sujet hautement sensible.
Dans leur tribune, les chefs religieux assurent s’exprimer "sans aucun esprit polémique ou partisan". Ils se disent avant tout respectueux du principe de la laïcité. "La laïcité est un des piliers de notre pacte républicain, un des supports de notre démocratie, un des fondements de notre vouloir vivre ensemble", écrivent-ils. Et d’ajouter : "Veillons à ne pas dilapider ce précieux acquis." Les religieux estiment qu’il est "capital, pendant cette période pré-électorale, de bien garder sereinement le cap en évitant amalgames et risques de stigmatisation".
Dans leur communiqué, les représentants des six cultes cités plus haut rappellent que le débat sur la laïcité prévu ce 5 avril ne constitue pas une grande première en France. Les réflexions, les colloques et les rapports sur ce sujet sont déjà nombreux, notent-ils. "La liste en sera longue. Elle illustre parfaitement toute la richesse et la profondeur de notre expérience française de la laïcité. Nous y reviendrons lors de la rencontre publique que nous comptons organiser en octobre prochain", annoncent-ils en conclusion de leur texte.