Le Conseil national d’évaluation du système scolaire (Cnesco) a dressé un état des lieux précis de la ségrégation entre les établissements. Et à l’intérieur même des classes.
Une étude réalisée par le Conseil national d’évaluation du système scolaire (Cnesco), dévoilée jeudi 28 mai, confirme qu’à l’heure actuelle la ségrégation au collège et au lycée entre les établissements existe. S’ajoute également la ségrégation à l’intérieur des établissements. Certains établissements trieraient leurs élèves selon leur niveau.
"Collégiens et lycéens étudient dans des environnements bien différents en fonction de [leur] origine sociale ou [de leur] niveau scolaire", précise le document. Pourtant, l’objectif de mixité sociale est inscrit dans la loi sur l’école de 2013. Le gouvernement en a fait l’une de ses priorités après les attentats de janvier afin de "renforcer le sentiment d’appartenance" des élèves à la République.
La ségrégation sociale
L’étude a été réalisée par deux chercheurs de l’Ecole d’économie de Paris, Son Thierry Ly et Arnaud Riegert, pour le compte du Cnesco. Ces derniers ont quantifié ces ségrégations en calculant un indice de ségrégation sociale basé sur la proportion d’élèves issus de catégories socioprofessionnelles supérieures (CSP+) dans les classes et les établissements. Résultat : "En France, les collégiens et lycéens d’origine aisée comptent en moyenne dans leur classe deux fois plus de camarades également d’origine aisée que les élèves des classes moyennes et populaires".
L’étude montre un exemple concret : en l’absence de ségrégation, parmi 110 élèves de 3ème d’un établissement, un élève aurait 24 camarades CSP+. En réalité, un collégien favorisé en compte 38 et un collégien issu de milieu intermédiaire ou défavorisé en compte 20. Une partie seulement de cette ségrégation sociale à l’école s’explique par la ségrégation résidentielle.
La ségrégation scolaire
Les auteurs ont également calculé un indice de ségrégation scolaire, fondé sur la proportion de "bons élèves". Le résultat est le même : un "bon élève" a 50% de camarades de niveau scolaire similaire de plus qu’un autre élève. Ainsi, en l’absence de ségrégation, un élève de 3ème serait avec 22 "bons élèves" de ce niveau d’enseignement. En réalité, un "bon élève" en compte 29 et un élève moyen ou en difficulté en compte 20.
Au lycée, la ségrégation scolaire est doublée par rapport au collège. L’étude met en évidence une augmentation brutale de la ségrégation scolaire entre le collège et le lycée. Elle s’explique par la forte séparation, dans certains cas, entre lycées généraux et technologiques d’un côté et lycées professionnels de l’autre. A l’opposé, les lycées polyvalents mixent tous les publics scolaires, de toutes les filières, dans un même établissement.
A chaque zone sa situation
A noter que la ségrégation sociale entre les établissements existe, surtout dans les grandes villes. En effet, les établissements en zone rurale recrutent sur un rayon plus important. À la campagne, tous les enfants d’un même secteur, quel que soit leur milieu, vont dans le même établissement car il n’y en a qu’un.
S’il n’y avait pas de ségrégation scolaire, les meilleurs élèves (ceux qui n’ont jamais redoublé et se situent dans le quart supérieur des résultats au brevet en fin de 3ème) devraient représenter 22% dans une classe. Or les meilleurs élèves comptent 36% de très bons élèves dans leur classe et les autres seulement 18%.
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