Vanessa Miranville : Il faut savoir que les incendies sont naturels dans la vie d’une forêt. Le problème, c’est qu’ils arrivent trop souvent, notamment à cause du réchauffement. Le problème, c’est que la forêt n’a pas le temps de se regénérer. L’autre souci : c’est que les espèces invasives - des pestes végétales - ont la possibilité de prendre la place des espèces endémiques. Donc il va falloir être vigilant sur ce point et veiller à reconstituer la forêt à l’identique.
Le dernier incendie de cet ampleur date de 1988. Vous pensez qu’il faut relativiser, du fait que ce soit 1% du Parc National qui soit parti en fumée ?
Vanessa Miranville : Non mais il faut souligner qu’on a la possibilité de mettre en place un Observatoire qui pourrait faire de la prévention et donc, éviter que forêt puisse partir en fumée, éviter le coût d’un million d’euros engendré et les pertes écologiques que nous allons enregistré par la suite, du fait de la perte de la biodiversité et de l’érosion des sols..
Concrètement, quels moyens faut-il mettre en place à l’avenir pour éviter de tels incendies ?
Vanessa Miranville : Il faut impérativement que la lutte aérienne soit plus préventive. On a dû attendre avant de voir arriver le Bombardier d’eau (Dash-8) alors que son intervention aurait dû être mise en place beaucoup plus tôt. Il faudrait également un Observatoire qui puisse permettre dès les premiers départs de feu d’intervenir le plus rapidement possible. Il faudrait aussi des retenues collinnaires supplémentaires pour pouvoir faire face rapidement. Et évidemment, sensibiliser les gens, les éduquer et créer des emplois pour remettre en place des espèces endémiques tout en luttant contre les pestes végétales.
Pensez-vous que la Réunion a les moyens de financer de tels projets ?
Vanessa Miranville : La Réunion n’a peut-être pas les moyens de financer de tels projets à l’heure actuelle donc c’est pour cela que l’Etat doit impérativement se réengager. Ces dernières années, l’Etat s’est progressivement désengager dans le cadre de la lutte contre les incendies.
On pourrait éventuellement envisager un bombardier d’eau pour la zone Océan Indien qui serait à notre disposition pendant la période sèche.
Pour en revenir à l’incendie qui a ravagé la forêt du Maïdo, quelles sont les espèces qui sont aujourd’hui menacées ?
Vanessa Miranville : On a des espèces alti-montaines, donc la bruyère, les Tamarins des Hauts... Et nous avons des pestes végétales qui pourraient prendre leur place donc la surveillance est impérative.
Il faut quand même être optimiste et savoir que si les espèces endémiques sont protégées, les graines sont dans le sol et elles repousseront.
C’est la raison pour laquelle il faut attendre les pluies du mois de décembre pour dresser un bilan précis ?
Vanessa Miranville : Exactement. Je pense vraiment qu’il faut l’ONF (Office National des Forêts) fasse son travail comme il le fait, pour vérifier que les espèces endémiques reprennent le dessus.
Dans un tout autre sujet, les accords de Matignon ont été signés par le président de la Région et le Premier ministre la semaine dernière avec une enveloppe globale estimée à hauteur de 2,2 milliards d’euros. Est-ce que vous soutenez les Nouveaux Accords de Matignon ?
Vanessa Miranville : On ne soutient pas ce protocole dans le sens où c’est encore du "tout béton". C’est une Route (celle du Littoral), un aéroport qu’on va développer... Finalement, on ne va absolument pas résoudre le problème de l’asphyxie respiratoire à la Réunion. Les embouteillages seront toujours là, le problème des personnes qui n’ont pas les moyens d’avoir un transport seront toujours les mêmes. Nous aurions vraiment préféré un projet par rails, ce qui aurait permis de résoudre l’asphyxie et de permettre à tout le monde de se déplacer de façon fiable et efficace.
Que pensez vous du Trans Eco Express ?
Vanessa Miranville : C’est un projet qu’on a du mal à cerner. Impossible d’avoir des informations précises : combien de bus vont être mis en place, quels trajets, quel maillage sera mis en place avec les autres réseaux de transport... Pour moi, c’est un projet tellement flou qu’il est difficile de se prononcer pour l’instant.
Pour pouvoir encourager un projet, il faudrait déjà qu’on puisse en avoir les contours fixes. La Région ne donne aucune information précise, mais on espère que ce projet pourra changer le mode de déplacement des Réunionnais mais une fois encore, je me répète, nous aurions préférés les rails.
Le Shéma d’Aménagement Régional (SAR) sera examiné en décembre prochain par la Région. Que pensez-vous de ce schéma ?
Vanessa Miranville : Le Schéma d’Aménagement Régional (SAR) est extrêmement important pour la Réunion. Globalement, on a plus de constructions qui seront réalisées dans les années à venir parce qu’on aura un million d’habitants dans les vingt années à venir. On aura plus besoin d’agriculture vivrière et on veut aussi plus de cannes. Dans le Schéma actuel, on a ces trois priorités à mettre en place. Or la Réunion n’est pas extensible donc à un moment donné, on va se retrouver confronter à un problème de superficie.
Il va falloir faire des choix et poser sérieusement la question de l’avenir de la filière cannes parce qu’on ne l’a jamais fait. Cette filière n’est pas assurée : en 2014, les subventions arrivent à leurs termes et on ne sait pas si on les obtiendra à nouveau. Il faut vraiment que tous les acteurs politiques posent cette question, en toute sincérité, afin de trouver les solutions adéquates.
Est-ce que vous pensez que le TCSP (Transport Commun en Site Propre) doit remplacer le Tram Train comme épine dorsale du Schéma d’Aménagement Régional ?
Vanessa Miranville : Oui, bien sûr. Mais on reste sceptiques quant au passage de ces routes, ces voies en site propre. On se pose également la question de savoir où sont les financements. Car le Tram Train coûtait cher mais des voies en site propre, cela va coûter aussi, extrêmement cher. Est-ce qu’on aura les moyens financiers d’assurr les TCSP, c’est une vraie question.
Venons en maintenant au coup de rabot porté aux niches fiscales. Pensez-vous que la filière photovoltaïque soit vraiment menacée ?
Vanessa Miranville : Oui, c’est vraiment une crainte. Le photovoltaïque, c’est seulement 2% de la production d’électricité à la Réunion et on est en train de la tuer dans l’oeuf. C’est un problème autant du point de vue écologique que pour l’économie locale parce qu’on a des entreprises locales du photovoltaïque qui vraiment être mises à mal. Or, le Gouvernement a réussi à trouver 14 milliards d’euros supplémentaires pour développer les centrales nucléaires en métropole alors nous dire qu’il n’y a plus d’argent pour les énergies renouvelables, c’est ne pas prendre en compte une vision à long terme pour l’énergie.
L’indépendance énergétique à l’horizon 2030 pour la Réunion, vous y croyez encore ?
Vanessa Miranville : Cela commence à devenir sérieusement compromis à mon avis avec ce coup de rabot sur le photovoltaïque. Mais il est toujours temps pour des élus écologiques de prendre les choses en mains et de modifier toutes les décisions qui vont dans le mauvais sens, et d’amener plus d’énergies renouvelables.
Que pensez-vous du Plan d’Elimination des déchets du Département ?
Vanessa Miranville : Je suis satisfaite du fait qu’il ne comprend pas d’installation d’un incinérateur. C’est vraiment un point crucial car l’incinération, c’est des problèmes de santé publique énormes à venir donc, si nous n’avons pas d’incinérateur, c’est déjà une très bonne chose. Mais évidement, ce plan n’est pas parfait dans la mesure où il y a beaucoup d’objectifs mais ils ne sont pas décrits de façon concrète.
Ce plan manque de solutions concrètes et il va falloir que le conseil général se réunisse avec la CIVIS et les autres acteurs pour mettre en place des solutions. Mettre sur papier des plans sur vingt ans, c’est très bien mais encore faut-il pouvoir les réaliser pour ne pas avoir recours à l’incinération.
Pour le traitement des déchets, il n’y a pas cinquante solutions : c’est soit l’enfouissement, soit l’incinération. Par contre, le vrai enjeu : c’est la réduction des déchets à la source. Il faut absolument faire en sorte de produire moins de déchets.
Sur le plan politique, comment s’annoncent les élections cantonales ? Comment de candidats d’Europe Ecologie pour l’ensemble de l’île ?
Vanessa Miranville :Pour l’instant, nous sommes une dizaine déclarés. Le 30 octobre, nous aurons les élections internes afin de nous permettre soit de valider ou d’invalider ces candidatures. En décembre, nous aurons une deuxième vague de candidatures afin de compléter les cantons qui n’auront pas encore de candidat.