Le n°1 du régime transitoire malgache se retire de la course à la magistrature suprême de la Grande île mais souhaite que les législatives se tiennent avant les présidentielles.
Les deux principaux rivaux politiques malgaches, à savoir Marc Ravalomanana et lui-même, seront donc absents du processus électoral. Cependant, Andry Rajoelina qui se dit « prêt à mener le pays jusqu’aux prochaines élections » et à « faire la passation de pouvoirs de manière démocratique avec celui que le peuple malagasy choisira » pour lui succéder, pose certaines conditions qui défient une fois de plus la communauté internationale.
Il exige en effet que les législatives se tiennent avant les présidentielles, c’est-à dire, « entre les mois de mai et de juillet ». « Le jumelage des élections pourrait provoquer des troubles », a-t-il avancé hier en s’adressant à la nation.
La presse malgache voit en cette proposition une manière de s’approprier un pouvoir « monocéphale » au sein de l’Exécutif, au titre de premier ministre, par exemple. Dans un tout autre scénario, Andry Rajoelina pourrait « désigner un chef de gouvernement issu de son propre camp tout en restant chef de l’Etat ». Quoi qu’il en soit, son ambition d’inverser le calendrier électoral ne sera pas facile à négocier, estime Express de Madagascar.
Par ailleurs, en annonçant sa non candidature hier soir, l’homme fort du pays n’a pas manqué de dresser le profil du futur président malgache. Ce dont Madagascar a besoin c’est d’« une personne imbue de patriotisme, un sage et une personne ayant une volonté de développer le pays », a-t-il souligné.
Au sein de la classe politique malgache, les réactions divergent par rapport à cette annonce surprise du dirigeant actuel de la transition. Dans le camp de l’opposition, on estime que cette décision est conforme aux recommandations de la Communauté de développement de l’Afrique Australe (SADC) qui a préconisé le principe de « Ni…Ni… ».
« C’est un point important vers l’instauration d’un climat d’apaisement à Madagascar qui conditionne la crédibilité des élections », a réagi le chef de la délégation de la Mouvance Ravalomanana, Mamy Rakotoarivelo. Ce dernier de rajouter : « il ne faut pas oublier que plusieurs conditions s’ajoutent à cette décision du Président de la Transition, notamment l’application intégrale de la feuille de route ».
Concernant le calendrier éléctoral, « il serait difficile de croire à un changement de la date et de la nature des scrutins, vu que le calendrier en cours a été approuvé par l’ensemble des acteurs politiques malgaches et la communauté internationale », a jugé ce proche de l’ancien président dans une interview parue sur Madagascar Laza ce jour.
Au sein du TGV, le parti fondé par Andry Rajoelina lui-même, on affiche au contraire un certain optimisme. Cette démarche de leur leader n’aura aucun mal à passer étant donné que « bon nombre de politiciens ont réclamé la tenue d’élections législatives avant les présidentielles » dans le pays.