Suite à l’intervention de Juliano Verbard, les femmes de la secte "Coeur douloureux et immaculé de Marie" se sont exprimées à la barre. Sandrine Hoarau, Anissa Gens, Sonia Flore, Marie-Noélie Latchoumane et Marie-Lucie Michel (mère de Fabrice et Corinne), ont tour à tour livré leur version des faits et décrit leurs rôles respectifs dans le deuxième enlèvement d’ Alexandre Thélahire. Ces fidèles du Petit Lys d’Amour se sont notamment illustrées par leur loyauté envers le gourou qu’elles refusent d’incriminer, encore aujourd’hui.
La mère de Fabrice Michel, Marie-Lucie a répété ce mardi son attachement à Juliano Verbard, le présentant comme son "fils spirituel". Les autres femmes de la secte "Coeur douloureux et immaculé de Marie", inconditionnelles de Juliano Verbard ont toutes suivi la même tendance et réaffirmé leur fidélité au gourou. A la barre, Anissa Gens qui est poursuivie pour complicité d’enlèvement et pour détention arbitraire du jeune Alexandre à la maison du Petit Tampon a laissé apparaitre toute sa fragilité et son besoin de se repentir, près de quatre ans après les faits.
Anissa Gens a joué un rôle prépondérant dans le deuxième enlèvement d’Alexandre Thélahire, tout comme Sandrine Hoarau et Corinne Michel qui a délivré le prétendu message de la Vierge.
Le regard fuyant, elle revient sur les faits qui se sont produits entre le 3 et le 5 août 2007 : "Corinne a reçu un message. Nous devons obéissance à Saint- Charbel et à la Vierge. J’ai voulu participer à cette opération. Il n’a jamais été question d’employer la force. Juliano Verbard était au courant mais son avis nous importait peu. Avec ou sans son accord, nous aurions enlevé Alexandre. J’assume aujourd’hui la vérité. J’ai obéi à la Vierge. Tout a été découvert, tout a été dit, il n’y a plus de raison de mentir".
La jeune femme poursuit : "Je suis l’une des organisatrices de l’enlèvement : avec Sandrine Hoarau et Corinne Michel, on a mis tout ça en place. Juliano ne s’y opposait pas. On a fait des repérages autour du domicile des Thélahire. C’est Guillaume Maillot qui nous a donné ces précieuses indications. Je fais partie des têtes pensantes qui ont mis en oeuvre cet enlèvement. Aucune décision n’était prise sans l’accord de Verbard. Nous avions pour mission de faire d’Alexandre un prêtre."
Le président de la cour à Anissa Gens : Vous n’avez pas l’impression de mentir ? "Non. J’ai fait deux ans et demi de prison, j’ai toute la vie devant moi, j’aimerais bien voir autre chose que la prison. Je sais que je risque trente ans mais je ne peux pas nier mes responsabilités. Je voudrais m’excuser une nouvelle fois auprès de la famille Thélahire et lui assurer qu’on ne voulait faire du mal à personne, on avait parlé dès le départ d’une action sans violence. ça ne devait pas se passer comme ça ; je demande pardon".
La voix tremblante, Anissa Gens ne cache plus ses remords : "Quand je vois la souffrance des victimes, je réalise que c’est assez grave ce qu’on a fait". L’avocat général : la Vierge vous a demandé de monter un projet criminel, vous trouvez cela normal ? Ce n’est pas criminel. Il y avait un message de la Vierge, confirmé par l’ordre de Saint-Charbel et par le gourou".
Poursuivie pour sa participation à l’enlèvement, et pour avoir détenu arbitrairement Alexandre dans la maison au Petit Tampon, Anissa Gens indique : " Je ne l’ai pas ligoté, je ne l’ai pas pris en otage, il était libre de circuler où il voulait,. J’ai passé un peu de temps avec lui. On a discuté normalement, on a regardé la télé, on a mangé".
L’avocat général : "un enlèvement implique toujours de la violence !"
Anissa Gens : "Je ne me suis pas posé de question, j’ai pas réfléchi, j’ai obéi tout simplement, je n’ai pas réfléchi à ce qu’il y avait autour et aux possibles conséquences".
Sandrine Hoarau s’est quant à elle démarquée par ses nombreuses versions contradictoires. Il a d’abord été question d’une rançon, puis d’une action pour pouvoir permettre l’ordination d’Alexandre Thélahire. Dernier témoignage de la matinée : celui de Marie-Corinne Michel, l’un des cerveaux de la secte. Poursuivie pour complicité d’enlèvement, la sœur de Fabrice Michel campe sur ses positions. Elle maintient sa version des faits et endosse une grande partie des responsabilités.
L’épouse mystique de Petit Caillou a répondu aux questions du Président de la cour d’assises et des avocats de la défense en faisant preuve d’une grande maîtrise. Montrant une assurance sans failles, Corinne Michel a affirmé qu’elle a été l’instigatrice du deuxième enlèvement du jeune Alexandre. Lorsque Maître Nicolas Normand lui demande : "Pourquoi vouloir porter le chapeau si jeune ?" la jeune femme âgée d’une vingtaine d’années botte en touche. Comme les autres femmes de la secte, Corinne Michel a montré ce mardi sa loyauté à Juliano Verbard.