Les renforts de gendarmerie ont quitté notre île à 19h30 hier soir. Ils doivent venir en aide à leurs homologues basés à Mayotte. Ce matin les écoles de Petites terre sont fermées.
Durant les affrontements d’hier, un gendarme a été grièvement blessé lors de manifestations contre la vie chère qui ont tourné aux affrontements avec les forces de l’ordre à Mayotte.
La ministre de l’Outre-mer Marie-Luce Penchard a appelé au calme, au soir d’une journée de troubles sur Petite-Terre, où se situe l’aéroport de Mayotte.
Un gendarme de 27 ans, gravement blessé aux reins, a été un temps "entre la vie et la mort", a déclaré le préfet de Mayotte. Mais la direction de la Gendarmerie nationale annonçait dans la soirée que son pronostic vital n’était plus engagé.
Selon Marie-Luce Penchard, il y a eu trois blessés graves et 12 plus légèrement atteints. Des renforts doivent arriver de La Réunion. Des accrochages sporadiques avec harcèlement des forces de l’ordre par des petits groupes de jeunes gens se poursuivaient dans la soirée sur Petite-terre où des troncs d’arbre étaient incendiés, selon le préfet.
Les barrages ont été dégagés, a-t-il indiqué. L’aéroport a fonctionné normalement même si nombre de voyageurs ont manqué leur vol pour cause de rues barrées.
Hausse du prix d’accès aux barges
Toute la matinée, des incidents avaient eu lieu sur l’île, selon un journaliste de l’AFP. La police a procédé à plusieurs arrestations. Les troubles ont éclaté à la veille d’une réunion du conseil général qui devait décider jeudi d’une hausse - différée une première fois après des manifestations hostiles - du prix d’accès aux barges assurant, toutes les demi-heures dans chaque sens, la liaison entre les deux parties de Mayotte.
Le ticket devait passer de 0,75 centime d’euro à un euro. Dans un souci d’apaisement, la délibération a été retirée de l’ordre du jour. Le conseil général devait demander une aide exceptionnelle de l’Etat pour ce territoire qui accuse plus de 90 millions d’euros de déficit.
A l’origine des incidents : une manifestation déclenchée tôt à l’appel du "collectif des citoyens perdus de Labattoir et de Pamandzi" (deux localités de Petite-terre). Ces protestataires, descendus pour la troisième fois dans la rue, ont occupé plusieurs ronds-points. Les manifestants ont aussi dénoncé la gestion du conseil général, et demandé la tête de son président, Ahamed Attoumani Douchina (UMP). Jean-Paul Musquin, membre du "collectif des citoyens perdus", accusait : "la population, avec de petits moyens de subsistance, des salaires minimes, ayant à peine de quoi se nourrir, n’a pas à subir les errements des élus".
L’ancien président du conseil général Said Omar Oili décrivait auprès de l’AFP "une vraie atmosphère d’insurrection". Mayotte compte près de 200.000 habitants, avec une très forte immigration clandestine venue des Comores voisines.