Le Parlement malgache a adopté une loi d’amnistie au terme d’un vote boycotté par la mouvance Marc Ravalomanana. L’ancien président a été exclu de cette mesure d’apaisement, mais il n’entend pas se laisser faire. "Mon retour est incontournable", affirme l’ex-président de Madagascar dans les colonnes de Midi Madagasikara de ce lundi 16 avril.
Vendredi 13 avril, la loi d’amnistie a obtenu l’approbation des 34 membres du CST (chambre haute) sur les 64, tandis que leurs collègues du CT (chambre basse) l’ont adopté par 267 voix contre une dizaine d’abstention.
Le texte a été voté sans amendement, et sa version finale ne permet pas à l’ancien président
Marc Ravalomanana de bénéficier de l’annulation des peines, notamment pour la mort d’une trentaine de manifestants devant le palais présidentiel d’Ambohitsirohitra le 7 février 2009. Condamné par contumace à plusieurs reprises, son retour dans la vie politique du pays n’est donc pas autorisé.
En effet, le projet de loi d’amnistie prévoit la cessation de toutes les poursuites judiciaires à l’encontre des détenus politiques, sauf ceux qui se sont rendus coupables de violations des droits de l’homme comme le meurtre, l’assassinat, l’empoisonnement, la torture ou autres traitements cruels inhumains ou dégradants.
Pourtant, l’ex-président de Madagascar affirme dans les colonnes de Midi Madagasikara que son retour est "incontournable".
Pour la mouvance Ravalomanana qui a boycotté l’ensemble des votes au Parlement, la nouvelle loi d’amnistie n’est pas conforme aux conventions internationales.
"Nous ne sommes pas d’accord avec l’interprétation personnelle qui est faite des ’violations des droits de l’homme’, car elle n’est pas conforme aux conventions internationales. On ne devrait pas inclure les meurtres isolés dans le terme ’violations des droits de l’homme’", réagit Mamy Rakotoarivelo, représentant de la mouvance Ravalomanana, et président du Congrès de la Transition (CT). "Les violations des droits de l’homme doivent désigner des violations systématiques, pas des actes isolés" insiste-t-il. Tout en expliquant les raisons du boycott prôné par son camp : "C’est une question de principe. Nous n’avons pas voulu porter le chapeau, être complices du vote de cette loi qui est très sélective et qui n’apportera pas, nous le pensons, la paix et la sérénité à Madagascar. "
Plus direct, le président déchu Marc Ravalomanana estime que son retour à Madagascar est "incontournable". "N’ayez pas peur. Je retournerai bientôt à Madagascar. Ils ne peuvent pas s’y opposer. Mon retour au pays est incontournable. Il est temps d’appliquer toutes les dispositions de la Feuille de route dont celles relatives au retour sans condition des exilés politiques ", affirme dans les colonnes de Midi Madagasikara l’ancien chef de l’Etat, aujourd’hui en exil en Afrique du Sud.
Dans les rangs du régime de transition en place, la même Feuille de route signée le 17 septembre 2011 a été brandie pour faire barrage à Marc Ravalomanana."Nous n’avons fait que suivre les indications de la Communauté de Développement d’Afrique Australe (SADC) qui, dans ses recommandations (stipulées dans la Feuille de route) inclut le meurtre parmi les violations des droits de l’homme", réplique Lanto Rakotomavo, vice-présidente du Conseil Supérieur de la Transition (CST).
Après l’adoption de la loi d’amnistie, des experts des Nations unies devraient se prononcer le 4 mai prochain sur l’organisation d’une élection présidentielle avant le 30 novembre 2012, ce qui semble peu probable.
Sources : Midi Madagasikara, Le Figaro, RFI