Le ciel s’est assombri au dessus de la ville de Fianarantsoa, colonisée par un essaim monstrueux de criquets migrateurs. Aux dernières nouvelles, l’invasion acridienne se trouve aux portes d’Antsirabe.
Un essaim monstre de 500 milliards de criquets couvre depuis quelques jours le ciel de Madagascar, du jamais vu depuis 16 ans. Partie du grand sud, l’
invasion acridienne a fait son entrée jeudi 9 mai au cœur de la ville de Fianarantsoa, où «
il faisait nuit en plein jour », décrit le quotidien local Midi Madagasikara.
Les criquets pèlerins, appelés localement ‘valala’ ont commencé à envahir les régions des hautes terres et progressent en ce moment aux portes d’Antsirabe, précise un autre journal Les Nouvelles. « D’après des témoins (…), ils se trouvent actuellement dans les périphéries de la ville d’Eaux (Antsirabe, ndlr) comme à Soanindrariny, une localité réputée en production de fruits et légumes ».
Cette invasion acridienne est qualifiée d’ «
une extrême gravité » pour un pays, en proie à une insécurité alimentaire galopante. Les criquets prolifèrent sur la grande île suite au récent passage
cyclone Haruna. L’humidité due au temps dépressionnaire a favorisé la prolifération des insectes migrateurs alors que la population se remet encore difficilement des dégâts, tant matériels qu’humains.
Au fil de leur progression, les criquets dévorent tout ce qui se trouve sur leur passage : riz, pâtures, maïs, canne à sucre...rien n’est laissé intact. « En une journée, ils peuvent engloutir jusqu’à 100.000 tonnes de végétation verte », rapporte RFI.
« En une journée, on a compté cinq essaims sur un trajet de 20 kilomètres, donc c’est vraiment extrêmement grave, c’est toute la population malgache maintenant qui est concernée », explique Tsitohaina Andriamaroahina, directeur de la Protection des végétaux au ministère malgache de l’Agriculture, et chef de la mission associant l’organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO).
Si rien n’est fait pour arrêter l’arrivée des criquets, la capitale Tananarive risque aussi d’être menacée dans les prochains jours, prédit le journal Les Nouvelles. L’invasion est non seulement ravageuse mais elle terrorise aussi la population, qui a lancé un appel de détresse à l’endroit des autorités locales. Ce qui est triste, selon Les Nouvelles, ce fléau « est le cadet des soucis » du régime de transition, qui semble avoir d’autres préoccupations à l’approche des périodes électorales.
« Le gros problème qu’on a ici, c’est le manque d’argent. On ne peut pas acheter de pesticide, on ne peut pas acheter de carburant. Les agents sur le terrain, les chefs de poste ne peuvent pas effectuer leur travail, du coup nous ne travaillons pas, les agriculteurs souffrent et les criquets se multiplient », déplore Rakotovao Hasibelo, responsable de la lutte terrestre anti-acridienne à Sakaraha, Tuléar.
D’après la FAO, il faudra au moins 17 millions d’euros d’ici juin et 31,5 millions d’euros au total pour financer en septembre la lutte contre l’invasion acridienne, à travers une campagne de pulvérisation d’insecticides par voie aérienne sur des millions d’hectares infestés.