Le gouvernement de Transition de Madagascar s’apprête à lancer une procédure d’extradition du président déchu Marc Ravalomanana, actuellement en exil en Afrique du Sud.
La ministre malgache de la justice, Christine Razanamahasoa, a fait savoir ce mardi que le dossier concernant la demande d’extradition de l’ancien président est déjà bouclé depuis lundi dernier. "Nous entamons actuellement une démarche pour une coopération juridique avec son pays d’accueil.", indique la ministre.
Selon l’avocate de l’ancien président, maître Hanitra Razafimanantsoa, la demande de coopération juridique annoncée par le ministre de la Justice n’est pas réaliste. Selon ses explications, Madagascar n’a pas encore signé un accord de coopération judiciaire avec l’Afrique du Sud. En plus, étant donné que ce dernier est un pays membre de la SADC (Communauté de développement d’Afrique Australe) et de l’Union Africaine (UA), la démarche du gouvernement malgache risque d’être vouée à l’échec. "Comment un pays sous le coup de sanctions peut-il demander une coopération juridique ? ", ironise l’avocate de Ravalomanana.
Depuis son éviction du pouvoir le 16 mars 2009, l’ex président Marc Ravalomanana fait l’objet de plusieurs condamnations ou poursuites judiciaires. En juin 2009, la Cour criminelle d’Antananarivo l’a reconnu coupable d’abus de biens publics dans l’achat de son deuxième avion présidentiel, un Boeing 737-700, d’une valeur de 60 millions de dollars. La justice malgache lui reprochait d’avoir "mélangé son argent personnel à l’argent de l’Etat". Dans cette affaire, il a été condamné à quatre ans de prison ferme. Une peine assortie d’une amende de 70 millions de dollars à titre de dommages et intérêts à verser à l’Etat malgache.
Puis en mars 2010, M. Ravalomanana a été condamné par contumace à 5 ans de travaux forcés et d’une amende d’un million d’ariary (environ 384 euros) pour complicité de détournement de biens publics et de favoritisme. Cette fois, on lui reprochait d’avoir utilisé des fonds publics dans l’acquisition et le remblayage d’un terrain situé à Andohatapenaka (Antananarivo). Un terrain d’une valeur de 3,6 milliards d’ariary (environ 1 384 000 euros) qu’il a par la suite cédé à son entreprise Tiko.
Les ennuis judiciaires de l’ancien président malgache ne s’arrêtent pas là. A l’heure actuelle, une autre affaire se profile. Celle-ci porte sur la tuerie du 7 février 2009 qui a fait plusieurs dizaines de morts lors de la marche populaire vers le palais présidentiel d’Ambohitsirohitra conduite par Andry Rajoelina. Dans cette affaire, le président déchu Ravalomanana est accusé de "meurtre avec guet-apens et tentative de meurtre avec guet-apens". Il encourt la prison à perpétuité. Son procès est prévu ce 23 juin 2010 à la Cour Criminelle Ordinaire d’Antananarivo.