Pas de trêve politique à Madagascar, et ce, à moins de deux semaines avant la célébration du cinquantenaire de l’Indépendance.
Arrestations des personnalités hostiles au régime en place, manifestations de rue, procès du président déchu Ravalomanana, des tractations en coulisse entre membres de l’opposition. Bref, la crise politique continue d’occuper le devant de la scène alors que l’heure est à la préparation de la fête nationale.
Un mouvement à caractère socio-politique a éclaté ce lundi à Toliara (au sud de Madagascar). Environ 500 jeunes, membres d’une association pro-Ravalomanana dénommée "Toko Be Telo" sont descendus dans la rue en courant et en lançant des cris de provocation pour réclamer la libération de leurs leaders. Ils dénoncent des arrestations qu’ils qualifient d’arbitraires.
En effet, dimanche dernier, un certain Fazalahy Tsianihy, président de la mouvance Ravalomanana de Toliara, et M. Marin, président du "Toko Be Telo" ainsi que huit autres membres du collectif ont été interpellés par les forces de l’ordre. Ils sont accusés d’avoir fomenté des troubles en organisant des manifestations publiques sans autorisation. Ces deux dirigeants de l’opposition de Toliara sont également poursuivis pour avoir distribué des tracts diffamant le Premier ministre Vital. Des tracts qui accusent "le père et le fils Vital d’être à l’origine de la banqueroute d’une société d’Etat implantée dans la région".
Ces responsables du « Toko Be Telo » ont comparu ce lundi devant le tribunal de première instance de Toliara. Parallèlement à cette audience, les manifestations dans la rue ont pris de l’ampleur. Les enseignants des établissements publics ont rejoint le mouvement du collectif pro-Ravalomanana pour réclamer leurs droits. Mais les forces de sécurité sont immédiatement intervenues pour éviter que la situation ne dégénère.
Dans la capitale à Antananarivo, les actions des membres de l’opposition se font plutôt discrètes. A en croire des bribes d’informations recueillies ici et là, les opposants multiplient ces derniers jours des rencontres en coulisse afin, selon eux, de trouver une issue à la crise. La dernière en date est celle du Professeur Zafy Albert et de l’ancien premier ministre de la Transition Monja Roindefo qui a eu lieu ce lundi. Mais d’autres bruits avancent aussi que les trois mouvances Zafy, Ratsiraka et Ravalomanana se concentrent actuellement à la préparation de nouvelles manifestations. A ce sujet, des tournées en provinces seraient prévues.
Par ailleurs, l’affaire de la tuerie du 7 février 2009 refait surface cette semaine. Dans cette affaire, le président déchu Ravalomanana est accusé de « meurtre avec guet-apens et tentative de meurtre avec guet-apens ». Son procèsest inscrit au rôle d’audience de la Cour Criminelle Ordinaire pour ce 21 juin. Son avocat Me Hanitra Razafimanantsoa a indiqué que son client risque la prison à perpétuité si les faits qui lui sont reprochés sont retenus.