Le corps diplomatique comorien a présenté ses vœux au président Ikililou Dhoinine à Moroni. Une occasion pour le chef de l’Etat d’exhorter les diplomates locaux à sortir de la passivité, en particulier concernant le cas de Mayotte.
La cérémonie des vœux du nouvel an a vu la présence de dix représentations diplomatiques comoriennes à l’étranger (Ethiopie, Afrique du Sud, Belgique, Chine, Egypte, Emirats arabes unis, France, Iran, Sénégal), à l’exception de la Lybie, qui n’a pu faire le déplacement.
L’ensemble du corps diplomatique comorien a répondu favorablement à l’invitation du président Ikililou Dhoinine samedi 5 janvier dans la salle des fêtes du ministère des Relations extérieures à Moroni.
Lors de son allocution, le chef de l’Etat comorien s’est longuement exprimé sur le cas de Mayotte, qui a accédé au statut de département français, contre l’avis du gouvernement comorien. En clair, il continue de réclamer le retour de l’île française au sein de l’archipel comorien. « Aujourd’hui, à l’heure où je vous parle, la France, ancienne puissance coloniale, administre illégalement, du point de vue du droit international, une partie de notre territoire. Alors comment concilier notre intérêt vital, la raison même de l’existence de notre Etat à la nécessité de vivre ensemble en paix dans notre région ? Avons-nous l’idée d’abandonner un jour cette revendication légitime ? La réponse est Non. Tout le monde ici le sait. Mais ne sommes-nous pas suffisamment intelligents pour vivre ensemble avec ceux qui sont nos frères et sœurs dans la concorde ? Vous avez le devoir, en tant que professionnels du métier, de résoudre cette équation ou tout au moins de l’équilibrer », lance Ikililou Dhoinine devant la grande famille diplomatique des Comores.
Toujours concernant les relations entre la France et l’Union des Comores, le président comorien a exigé plus d’actions afin de « booster » les liens entre les deux pays, mais toutefois « sans passion » et « sans abdiquer ».
« En tant que professionnel, l’exercice n’est pas si compliqué puisque en tant que pays membre des Nations unies, nous avons le devoir de respecter sa Charte et ses principes », fait valoir le chef de l’Etat.
« Je vous exhorte à plus d’imagination, à plus de retenu pour qu’enfin nous trouvions un début de sortie de ce tunnel. Nul doute qu’avec la France, nous sommes tout simplement condamnés à coopérer avec sincérité et loyauté », poursuit Ikililou Dhoinine.
« Sur le plan diplomatique, beaucoup des difficultés semblent compliquer la tâche des diplomates pour réussir l’union sacrée du monde moderne face aux grands défis mondiaux : La négociation sur le climat, la défense de notre environnement, pour ne citer que ces cas, sont autant de difficultés face auxquelles nous devons nous affirmer », soutient-il.
Pour clore son discours, le chef de l’Etat a appelé aux « changements de comportements » des diplomates comoriens, et plus largement de tout le personnel du ministère de Relations extérieures, « vitrine » de l’archipel sur la scène internationale. « Mesdames, messieurs les chefs des missions diplomatiques à l’étranger, tout n’est pas rose, mais je vous demande de rester dignes des missions qui vous sont confiées. Vous me trouvez sans doute trop ambitieux. […] Ceux qui ne feront rien pour la reconquête de notre place au sein de la communauté des nations, ne seront plus maintenus à leur poste. Ceux qui continueront à se contenter de l’immobilisme qui semble caractériser certains fonctionnaires dans ce ministère, rendront des comptes », conclut-il.